Pessah 2025
A partir de ce soir -12 avril 2025 – et pendant une semaine, les juifs du monde entier célèbrent Pessah* qui commémore l’Exode (ou Sortie d’Egypte), un des évènements les plus marquants de l’histoire des Juifs que je raconte dans la rubrique « Culture » de ce site (Fragments d’Histoire des Juifs d’Abraham à Moise selon la Bible, chapitre 2) et auquel je consacre un article dans la rubrique « Gaza dans la presse… » sous le titre « Pessah vue par E. Saïd ». Ce qui me dispense d’en dire plus ici.
Les fêtes débutent par un grand dîner auquel toute la famille (des grands parents aux petits et arrière petits enfants) sont tenus d’assister. Il porte le nom de Seder et sa préparation commence plusieurs jours à l’avance.
Seder, en Hébreux, désigne l’ordre et il est bien nommé car toute la soirée doit se dérouler selon un livret (appelé́ Haggada) qui recense les rituels à accomplir et dans quel ordre. Il est lu par le chef de famille et chacun (ou tous ensemble) exécute(nt) l’instruction inscrite dans le Seder au moment où elle doit être accomplie. Fondamentalement l’assistance revit en une soirée l’histoire de la sortie d’Égypte avec des prières des chants, des discussions et de la nourriture. La table du Seder est couverte d’aliments symboliques de ce tragique épisode de l’histoire mythifiée des Juifs dans la Bible : pain sans levain, herbes amers, fruits secs, os grillé, œufs…etc. Il y a aussi quatre couples de vin représentant les quatre expressions de délivrance (« Je vous ferai sortir », « je vous délivrerai », « je vous sauverai », « je vous pardonnerai vos péchés » a dit Yahvé). On peut aussi supposer que les coupes de vin, que chacun est tenu de boire, sont , avec les chants, destinées à égayer une soirée censée commémorer à la fois le deuil de l’exil et la joie de la délivrance. La matsa, genre de pâtisserie qui est cachée pendant la soirée et que les enfants doivent trouver**, ajoute au caractère festif, voir ludique, de la soirée.
Le Seder en tant que mélange de narration, de symboles de rites religieux et de traditions qui vise à transmettre le souvenir de l’Exode et les valeurs de liberté et d’espoir dans l’adversité, aux générations futures est assurément une belle tradition. Mais, le plus intéressant, à mon sens, dans cette tradition reste que les enfants doivent poser quatre questions auxquelles les adultes sont tenus de répondre. Occasion d’engager un débat auquel participent les membres de la famille et les amis appartenant à différentes classes d’âge. Elle m’interpelle d’autant plus que j’ai été (ainsi que tous ceux de ma génération et peut être au delà) élevé dans une tradition où les enfants sont tenus de se taire en présence des adultes.
Je suppose qu’elle doit interpeler, aussi, les parents de nos jours qui souffrent de la difficulté de communiquer avec leurs enfants adolescents totalement immergés dans l’univers toxique des réseaux sociaux au point d’en arriver à commettre des suicides ou des meurtres. Une série actuellement visible sur Netflix – Adolescence- que je n’ai pas vue et un article du NYT – Adolescence and de difficulty to talk to a teen son***- que j’ai lu, donnent la mesure tragique de l’angoisse de ces parents face à difficulté de communiquer avec leur enfants.
* Improprement appelée “Pâque Juive” en référence aux Pâques chrétiennes qui célèbrent la résurrection du Christ. L’appellation anglaise, Passover, paraît plus pertinente à ceux qui se souviennent que pour obliger Pharaon à laisser les Juifs sortir d’Egypte, il lui infligea dix plaies dont la plus terrible est l’ange envoyé par Yahvé (l’un des noms qui désignent Dieu dans la tradition juive) pour tuer tous les nouveaux nés égyptiens. Afin d’éviter que l’ange ne confonde nouveaux nés juifs et égyptiens, Moise enjoignit aux Juifs de barbouiller les portes de leurs foyers avec du sang d’un agneau, de sorte que l’ange ainsi averti, saute – passover – les maisons des juifs.
** Origine probable des œufs de Pâques de la tradition chrétienne
*** de la difficulté de parler à son fils adolescent.