Haaretz
A Gaza, des généraux contre des enfants
Si vous insistez pour appeler « guerre » ce qui se passe à Gaza, reconnaissez au moins qu'il s'agit de généraux contre des enfants.
La guerre actuelle à Gaza est différente des autres. Plus d'enfants ont été tués à Gaza que dans d'autres guerres. En réalité, ce n'est pas vraiment une guerre. Mais si l'on persiste à l'appeler ainsi, alors c'est une guerre de généraux contre des enfants.
Une guerre normale se caractérise par un conflit entre armées. Chaque armée s'en prend à l'autre avec des chars, des avions, de l'artillerie, etc. Mais rien de tout cela n'est présent à Gaza, surtout dans la phase actuelle de la « guerre ».
Il est également faux de parler de « guerre urbaine », car ce terme implique de prendre certaines précautions pour épargner les civils. À Gaza, l'approche est totalement différente. À en juger par le comportement de l'armée, le front comprend les maisons palestiniennes, les écoles maternelles, les universités, les mosquées, les ambulances…les boulangeries. Sans oublier les femmes, les enfants et les personnes âgées.
Les « dommages collatéraux », à Gaza ne désignent pas les civils tués en masse, mais ceux qui survivent. En fait, ce sont les survivants qui constituent les dommages collatéraux.
Plusieurs raisons expliquent le nombre monstrueux d'enfants tués, blessés ou ensevelis sous les décombres. La première est la forte proportion d'enfants dans la population de Gaza, caractéristique des sociétés démunies de tout : logement, alimentation, soins et éducation.(1)
La deuxième raison est la forte densité de population de ce minuscule territoire. Où que l'on frappe, on touche toujours des enfants. Les raisons en remontent à 1948, lorsque des dizaines de milliers de Palestiniens ont été expulsés vers Gaza. La troisième raison est l'usage de bombardements aériens et d'artillerie qui détruisent des immeubles de plusieurs étages [où, après coup, l’armée déclare qu’il y avait un responsable du Hamas, ndlr]
Après la première phase de la guerre, d'octobre 2023 à janvier 2025, le Hamas, contrairement à la propagande israélienne, avait perdu l’essentiel de ses capacités de combat. Dans la phase actuelle, les premiers bombardements qui ont tué plus de 400 personnes en moins de 10 minutes, la réponse militaire du Hamas a été remarquablement limitée. Depuis le début de cette phase, plus de 2 000 palestiniens ont été tués, contre….. quatre soldats israéliens. Ces chiffres se passent de commentaires.
Benjamin Netanyahou exagère la puissance du Hamas pour une seule raison : poursuivre les bombardements jusqu'à ce que le dernier Palestinien quitte Gaza, de gré ou de force. Une fois cet objectif atteint, et les otages récupérés [morts ou vifs, ndlr], Netanyahou inventera sûrement d'autres raisons pour prolonger la guerre : Assurer sa survie politique, et réaliser les rêves messianiques de l'extrême droite.
L'ampleur des massacres commence à réveiller la conscience de ceux qui en sont les premiers responsables : les pilotes. Il y a, probablement, des moments, tard dans leurs nuits sans sommeil , où ils se demandent: « Combien de temps vais-je continuer ce travail macabre ? Suis-je né pour tuer des enfants ? ». C'est une bonne question mais ne vous réjouissez pas trop vite : la discipline militaire prend toujours le dessus : on bombarde d'abord , on s' interroge ensuite .
Dans une chronique du 15/7/14, intitulée « les pires bassesses sont commises dans les hauteurs célestes », il est écrit que « Les pires choisissent d'être pilotes ». Une décennie plus tard, malgré les lamentations et les dénonciations , la mort continue de s'abattre en une pluie torrentielle. L'ancien Premier ministre Yitzhak Shamir avait dit un jour : « La mer est toujours la même mer », sous entendant celle où les Palestiniens veulent précipiter les Israéliens. Aujourd'hui, on pourrait dire avec justesse que « les lâches sont toujours les mêmes lâches ».
Je ne sais pas si les pilotes sont admirés de leurs parents et de leurs enfants, auquel cas, ils auraient peu de quoi se vanter : une « guerre » que des généraux équipés des armes les plus meurtrières mènent contre des filles et des garçons sans défense. Un palmarès effrayant.
L'influenceur, Avri Gilad, a un jour demandé si l'armée préférait la mort d'un soldat ou de 1 000 civils palestiniens. À l'époque, cette question cruelle a été perçue comme exercice de pensée. Aujourd'hui, après plus de 50 000 morts, 1 000 morts, c'est une broutille.
- Dans un autre article Haaretz rapporte que 50% des enfants interrogés déclarent préfèrent mourir que continuer sa vivre.
The Guardian
Les Israéliens protestent contre la guerre à Gaza avec une référence, d’une puissance rare, aux victimes palestiniennes
[A l'occasion de la commémoration de la Shoah], sur une place du centre de Tel-Aviv, des milliers de personnes, dont des descendants de survivants de l'Holocauste, ont brandi des photos d'enfants palestiniens tués depuis le début de la guerre pendant que des dizaines d'autres, vêtus de noir, bordaient les rues de la ville, brandissant des pots vides comme symboles de la famine qui sévit à Gaza.
Depuis la rupture du cessez-le-feu entre le Hamas et Israël en mars, qui a coûté la vie à 2 000 palestiniens, le pays est secoué par des manifestations réclamant la fin de la guerre, pour récupérer les otages israéliens encore détenus à Gaza – 59 dont 24 seraient encore en vie . Pourtant, les souffrances et les ravages infligés aux civils de Gaza par l'offensive d'Israël ont été cruellement absentes [comme le déplore Haaretz du 20/4/25 dans une tribune intitulée : « Les lettres des réservistes de Tsahal appelant à la fin de la guerre oublient quelqu’un – les Gazaouis » dont je reproduis quelques extraits ci après]
Récemment, plusieurs lettres ouvertes ont été publiées, appelant à la fin de la guerre à Gaza. D'abord, par les pilotes réservistes, suivis par des vétérans des unités spéciales et des réservistes de l'unité de renseignement d'élite 8200, ainsi que par des auteurs, des artistes et des policiers.
Toutes ces lettres ouvertes s'accordaient sur les mêmes points : l'arrêt de la guerre parce qu'elle résultait de considérations de politique intérieure et qu'elle ne servait pas la libération des otages. Mais quelque chose manquait dans ces lettres : pas un mot sur la destruction de la bande de Gaza. Ni aucune mention des accusations de génocide. Les pilotes, par exemple, auraient dû, au moins, mentionner ceux qu'ils ont bombardés.
Cette avalanche de lettres m'a inspiré tristesse et dégoût, non pas à cause de ce qui y était dit, mais à cause de ce qui y était tu. La famine, la destruction et la mort d'enfants ont été effacés du discours. Au lieu de cela, une symétrie imaginaire et réconfortante est créée autour de la « souffrance des deux côtés », comme si les deux camps se trouvaient dans une situation similaire, et non dans une guerre asymétrique.
Je trouve repoussant que les rédacteurs de ces lettres, qui sont pourtant des écrivains, habitués à peser et choisir leurs mots, mentionnent les « dommages disproportionnés causés aux civils » – mais pas les bébés démembrés, les civils sous des tentes qui partent en fumée, la famine qui tiraille les estomacs….De leur côté, les artistes trouvent injuste d'être boycottés et les pilotes n’aimeraient pas se faire arrêter lorsqu'ils vont skier en Suisse. Le navire coule et tous ensemble sautent dans des canots de sauvetage….
On devine, à travers les espaces laissés vides dans ces lettres, que la guerre est fondamentalement juste, mais qu'elle est inefficace et n'atteint pas ses objectifs. Aucune de ces lettres ne parle de la fin de la guerre à tout prix comme un objectif en soi, plutôt que comme un prix à payer. Aucune n'évoque le retrait immédiat de l'armée de Gaza ou son refus, par principe moral, de participer aux projets de transfert de population ou d'occupation.
Les auteurs des lettres affirment que le silence est inacceptable, mais eux-mêmes restent muets sur l’essentiel : L'arrêt de la guerre doit viser, non seulement le sauvetage les otages, mais aussi les Palestiniens encore en vie. Sans référence explicite à cela, ces lettres n'ont aucune signification.
Haaretz
Haaretz
Lève-toi et va maintenant à la ville du massacre ; / En son centre, fraye ton chemin ; / Là, de ta propre main, touche, et avec tes yeux / Vois sur l'arbre, sur la pierre, sur la clôture d'argile / Le sang éclaboussé et les cerveaux desséchés des morts. » (Extrait de « Dans la ville du massacre », Haim Nahman Bialik).
The Guardian
Fatima Hassona, photo journaliste palestinienne: si je meurs, je veux que ça se sache
En tant que jeune photo journaliste vivant à Gaza, Fatima Hassouna savait que la mort suivait chacun de ses pas. Elle a consacré les 18 derniers mois de guerre à documenter les frappes aériennes, la démolition de sa maison, les déplacements sans fin des populations. Tout ce qu'elle demandait, c'était de ne pas partir dans l’indifférence
« Si je meurs, je veux une mort qui se fasse entendre », a écrit Hassouna sur les réseaux sociaux. « Je ne veux pas être juste une nouvelle de dernière minute, ou un numéro dans un groupe, je veux une mort qui se sache, qui laisse un impact durable et une image intemporelle et indélébile. »
Mercredi, [15 mars 2025], 15 jours avant son mariage, Hassouna, 25 ans, a été tuée dans une frappe aérienne israélienne qui a visé sa maison dans le nord de Gaza. Dix membres de sa famille, y compris sa sœur enceinte, y ont également été tués.
Comme, à son habitude, L'armée israélienne a déclaré qu'il s'agissait d'une frappe ciblée contre un membre du Hamas.
Vingt-quatre heures avant qu'elle ne soit tuée, il avait été annoncé qu'un documentaire sur la vie de Hassouna à Gaza depuis le début de l'offensive israélienne serait présenté en première lors d'un festival de cinéma indépendant à Cannes. Réalisé par la cinéaste iranienne Sepideh Farsi, le film, Put Your Soul on Your Hand and Walk, raconte l'histoire du martyre de Gaza et de la vie quotidienne des Palestiniens à travers des conversations vidéo- filmées entre Hassouna et Farsi.
Fatima etait devenue « mes yeux dans Gaza » a dit Farsi, « Fougueuse et pétillante, J'ai filmé ses rires, ses larmes, ses espoirs …. Je lui avais parlé quelques heures auparavant pour lui dire que le film serait projeté à Cannes »
Au festival du film de Cannes Acid, où le documentaire de Farsi sera projeté en mai, c’est la desolation: « Nous avons regardé et programmé un film dans lequel la force vitale de cette jeune femme semble être un miracle », ont-ils déclaré. « Son sourire lumineux était aussi magique que sa ténacité. Témoigner, photographier Gaza, distribuer de la nourriture malgré les bombes…. »
De son côté, Haidar al-Ghazali, un poète de Gaza, a déclaré dans un post sur Instagram que Hassouna lui avait demandé d'écrire un poème pour annoncer sa mort si un jour elle était tuée.
« Le soleil d'aujourd'hui ne sera pas le même. Les plantes dans les pots s'arrangeront avec douceur. Il sera assez lumineux pour aider les mères à sécher leur linge, et assez frais pour que les enfants jouent toute la journée. Le soleil d'aujourd'hui sera lumineux et bienveillant pour tous. » a t-il écrit.
The Guardian
« Maintenir gens en vie » : la dernière boulangerie de Gaza en activité est contrainte de se déplacer constamment pour continuer à fonctionner par Israël.
La production de la boulangerie mobile World Central Kitchen est limitée par la pénurie de farine due au blocus israélien.
Le 1er avril 2025, la boulangerie mobile de World Central Kitchen (WCK) a dû quitter sa base de Khan Younis suite à un décret de l'armée israélienne ordonnant à la population de la ville du sud de se déplacer pour faire place aux opérations militaires. La boulangerie a été remorquée vers un nouveau site près de Deir al-Balah. Elle fonctionne 19 heures par jour, et produit actuellement 59 000 pains/jour. Ce qui ne représente qu'un tiers de sa capacité, limitée par une pénurie de farine due au blocus israélien.
Le pain est distribué au secteur médical par l'équipe WCK, aux familles déplacées de la bande de Gaza, ainsi qu'au personnel d'urgence et aux bénévoles.
L'unité mobile, fournie par la Jordanie en décembre, est la dernière boulangerie en activité à Gaza, le Programme alimentaire mondial (PAM) ayant été contraint de fermer ses 25 boulangeries ce mois-ci en raison du blocus israélien sur l'aide humanitaire, y compris la farine. Les boulangeries fournissaient 800 000 pains/jour avant de devoir fermer, aggravant ainsi la crise humanitaire.
La demande de pain dépasse largement nos capacités actuelles, mais nous restons déterminés à faire tout notre possible pour la population de Gaza jusqu'à la fin de cette crise », nous a déclaré le responsable local de WCK.
En plus de bloquer l'acheminement de l'aide, Israël détruit « les infrastructures restantes, nécessaires au maintien de la vie des populations », selon l'ONU. Dimanche, l'organisation a indiqué qu'un entrepôt de l'ONU dans la ville de Gaza et un point de distribution alimentaire à Khan Younis ont été touchés par des frappes.
Le Pprogramme Alimentaire Mondial de l'ONU indique que 2 millions de personnes, soit la quasi-totalité de la population de Gaza, dépendent de l'aide alimentaire et que 90 % des Gazaouis sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë.
Haaretz
Le quoi qu'il en coûte aux palestiniens du président Macron.
[La semaine dernière, le président Macron, s'est rendu à El Arish, aussi près de Gaza que l'a permis Israël, avec le maréchal égyptien Al Sissi dans un show fort médiatisé, dont personne ne savait trop quel sens lui donner, sauf peut être le fils de Netanyahu qui gratifia Macron d’un compliment Trumpien. Aujourd’hui on sait, grâce à Haaretz : Le président Macron et le maréchal égyptien sont engagés dans de grandes manœuvres destinées à mettre rapidement fin à la guerre à Gaza ]. Voici ce que nous apprend Haaretz ce matin.
Selon des informations obtenues par Haaretz, l'accord général promu par la France devrait inclure une normalisation avec l'Arabie saoudite en échange de la fin de la guerre et d'un retrait israélien complet de Gaza. Israël ne serait pas tenu d'approuver explicitement la création d'un État palestinien, mais seulement d'y faire référence en termes vagues. L'accord devrait également inclure la création d'un mécanisme permettant à Israël de poursuivre ses frappes à Gaza si nécessaire.
Dans une interview accordée à Haaretz, Bronchtein, conseiller de Macron pour les affaires de la région, a déclaré que la vision de la France incluait la reconnaissance d'un État palestinien par plusieurs pays, ainsi que la reconnaissance d'Israël par l'Arabie saoudite et d'autres nations musulmanes, parmi lesquelles « la Mauritanie, le Qatar, l'Indonésie et la Malaisie ». Il a ajouté que la France, avec « d'autres acteurs internationaux », négociait avec l'Égypte la possibilité d'accueillir des centaines de milliers de Gazaouis pendant une période limitée, le temps de la reconstruction de Gaza, en échange de la restructuration de ses dettes internationales et de sa participation à l'effort de reconstruction.
Macron espère trouver une formule qui satisfasse à la fois les Saoudiens et le gouvernement israélien actuel » concernant une éventuelle normalisation entre les deux pays. Et…sans qu’Israël ne prenne de mesures concrètes en vue de reconnaître un État palestinien.
[Bravo Monsieur le président, ça valait bien le déplacement à El Arish et le tapage médiatique fait autour. Hamas et les heureux Gazaouis qui seront les hôtes de Sissi applaudiront sûrement votre plan génial.]
Haaretz
La colère gronde au sein de Tsahal
Le cœur de la force de combat de l'armée est constitué par les réservistes – des gens ordinaires, ayant un emploi dans le civil, qui regardent l'actualité, interagissent avec la société et disent ce qu'ils pensent être l’intérêt de la nation.
Jeudi, près de 1 000 réservistes de l'armée de l'air israélienne, retraités et actifs – pilotes, officiers, officiers supérieurs et même un ancien chef d'état-major de Tsahal – ont exercé ce droit en signant une lettre. Ils réclament le retour immédiat des otages et la cessation des combats à Gaza, motivés, selon eux, davantage par des intérêts politiques que par des nécessités de sécurité nationale.
Poursuivre la guerre, écrivent-ils, « ne sert aucun de ses objectifs déclarés et entraînera la mort d'otages, de soldats de Tsahal et de civils innocents . Seul un accord permettra de rapatrier les otages sains et saufs. Nous appelons tous les citoyens d'Israël à agir et à exiger, partout et par tous les moyens : arrêtez la guerre et rapatriez tous les otages, maintenant ! »
Il ne s'agit pas de gauchistes pacifistes. L'appel des réservistes reflète ce que 70% des citoyens du pays (dont ils font partie) expriment depuis des mois.
Des milliers d'autres vétérans des services de sécurité se sont joints à leur appel : de l'unité de renseignement 8200, des forces spéciales, de l'infanterie, de la marine, du Corps blindé, du Corps médical, du Mossad, et d'autres pétitions circulent encore. En écrivant cette chronique, j'ai reçu un message du groupe d'anciens de ma propre unité : une invitation à signer leur lettre.
« Nous, réservistes et anciens soldats de l'Unité de porte-parole de Tsahal, exigeons le retour immédiat des otages et la cessation des combats…. En tant que personnes dont le rôle est de préserver la confiance du public dans l'armée israélienne, comment expliquer et justifier une guerre motivée par des intérêts personnels et politiques, et qui n'atteint pas son objectif principal : le retour des otages ?
Après avoir vu l'armée réduire Gaza en poussière, nous nous retrouvons au même point : le Hamas règne toujours sur les décombres d'une main de fer, et les otages sont enfermés dans ses tunnels. Cette pression militaire n'a conduit qu'à l'extermination de familles palestiniennes entières, à la dégradation de la réputation internationale d'Israël …
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou et son gouvernement prétendent que ces lettres équivalent à un refus de servir en temps de guerre, même si plusieurs d'entre elles précisent explicitement que les signataires continuent de se présenter à leurs bases. Mais l'armée réagit en licenciant les réservistes d'active de l'armée de l'air qui ont signé la déclaration. Lorsque vous puisez vos forces combattantes dans la population, vous ne pouvez pas vous contenter d'écarter ceux qui expriment l'opinion majoritaire ….
Le gouvernement israélien doit comprendre que ces signataires sont les gardiens de ce pays depuis des décennies, et non le « petit groupe bruyant, anarchique et déconnecté de la réalité et qui n'ont pas servi depuis des années », comme les a qualifiés Netanyahou. Ce terme convient mieux à ceux qui ignorent – et sanctionnent – leurs appels.
Haaretz
EDITORIAL
Mercredi, l'armée israélienne a bombardé un immeuble d'habitation dans le quartier de Shujaiyeh, à Gaza. La cible de la frappe était Haytham Sheikh Khalil, identifié par l'armée comme le commandant du bataillon Shujaiyeh du Hamas.
Avec lui, 35 autres personnes ont été tuées lors de la frappe. La plupart étaient des femmes et des enfants. C’est loin d'être le seul cas où l'armée de l'air israélienne tue des dizaines de civils pour une seul combattant. En fait, de tels incidents se produisent presque quotidiennement depuis la reprise des combats le 18 mars.
Dans la guerre actuelle, le principe de proportionnalité a été bafoué. Tuer des dizaines de civils pour assassiner un commandant subalterne du Hamas est la règle plutôt que l'exception, même s'il s'agit d'un crime de guerre. D'autres valeurs et principes ont été mis de côté comme la proportionnalité : le respect du droit international, la prise en compte des souffrances des civils innocents et de l'après-guerre…
Depuis la reprise des combats par Israël, plus de 1 500 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, dont au moins 500 enfants. Parmi les victimes figurent 15 secouristes, abattus à bout portant par des soldats de Tsahal et enterrés dans une fosse commune.
Dimanche matin, l'armée israélienne a frappé un bâtiment du complexe hospitalier Al-Ahli à Gaza, détruisant le bloc opératoire et le système de production d'oxygène pour les unités de soins intensifs.
Tout cela s'inscrit dans le cadre d'une politique explicite visant à affamer les habitants de Gaza depuis six semaines, en fermant la bande de Gaza à toute livraison de nourriture et d'aide humanitaire. Les signalements de malnutrition, de famine et de propagation de maladies se multiplient, tandis que l'armée israélienne continue de forcer les citoyens meurtris et affamés à se déplacer.
Cette politique brutale envers la population civile a terni à jamais la réputation d'Israël, et nous en paierons le prix fort : boycotts, ouverts et masqués, dommages économiques et érosion de la légitimité internationale et des fondements moraux et humanitaires de la société israélienne.
La semaine dernière, le président français a énoncé une évidence : « La seule voie possible est politique », et a affirmé son soutien à la création d’un État palestinien. Cette déclaration a été accueillie par une colère et des insultes grossiers sur les réseaux sociaux de Yaïr, le fils du Premier ministre.
Macron a, pourtant, raison : la seule façon pour Israël de survivre en tant que démocratie et non en tant qu’État paria est de parvenir à un cessez-le-feu immédiat, à un accord de libération des otages et à des négociations diplomatiques qui mèneront à terme à la création d’un État palestinien. Il n’y a pas d’autre solution.
L’Exode vu par Édouard Saïd
Ofer Ilani, chroniqueur pour Haaretz, écrivait en 2022, au sujet de Pessah : « l'histoire de la sortie d'Égypte est l'un des plus grands récits de libération jamais écrits. L'intrigue contient des éléments politiques impressionnants, absents des autres œuvres antiques. Alors que la plupart des mythes et chroniques antiques vantent les conquêtes de rois et d'empires immensément puissants, la sortie d'Égypte est centrée sur un groupe d'esclaves dépossédés. C'est l'histoire d'un peuple opprimé et soumis qui se dresse et se libère de l'esclavage. Ainsi, certains voient la victoire sur Pharaon comme la première révolution de l'histoire et une source d'inspiration pour toutes les révolutions ultérieures ».
Ofrani poursuit : « L'intellectuel palestinien Edward Saïd était moins enthousiaste à propos de la Sortie d'Égypte. Dans un article publié en 1986, en réponse au livre de Michael Walzer « Exode et Révolution », il proposait une lecture de l'histoire du point de vue des habitants du pays de Canaan. L'épisode de la Sortie d'Égypte manifeste une solidarité avec les opprimés, a-t-il reconnu, mais la Sortie d'Égypte comporte également un côté sombre. Si l'exode d'Égypte est une révolution, elle recèle aussi un élément violent d'oppression : l'oppression des « malheureux habitants autochtones [de la Terre promise] qui, par définition, ne font pas partie du peuple élu . Selon Saïd, le texte de l'Exode enjoint catégoriquement les Juifs victorieux à traiter sans pitié les anciens habitants autochtones de la Terre promise et de se débarrasser d’eux.
Saïd oppose, ainsi, une perspective cananéenne au récit biblique, qui exprime, bien sûr, le point de vue palestinien sur le mouvement sioniste. Il souligne que le récit emblématique de la naissance d'une nation a deux facettes : l'indépendance d'un peuple se fait au prix de l'oppression d' autres peuples. Du point de vue des premiers occupants du pays, l'Exode est une chronique de conquête et d'anéantissement. Les peuples de Canaan n'ont pas survécu pour raconter leur histoire, mais les habitants palestiniens de Jéricho, Naplouse et Hébron, en s'identifiant à leur sort, auront du mal à admirer le récit de l'héroïsme des Israélites.
L'histoire de l'Exode constituerait un mythe politique édifiant si Moïse avait exigé de Pharaon d’accorder aux Israélites des droits égaux en Égypte. Au lieu de quoi, les Israélites se lancèrent dans une entreprise de guerres et de massacres, semant la mort parmi les peuples rencontrés sur leur chemin et ils conquirent une terre peuplée et s'y installèrent.
Dans son livre « Exode : la révolution du monde antique » paru, en allemand en 2015, l'égyptologue Jan Assmann souligne que cette histoire est devenue le mythe fondateur des États-Unis. « Les puritains du XVIIe siècle quittèrent l'Angleterre pour une terre promise dans le Nouveau Monde, conscients qu'en tant que “Nouvel Israël”, ils étaient aussi porteurs de la promesse divine et de la mission de fonder une société exemplaire. De ce point de vue, le lien étroit entre les États-Unis et l'État d'Israël n'est pas fortuit.
Assmann note également que le récit recèle un « pathos exclusif », autrement dit une distinction intrinsèque entre ceux du peuple élu et tous les autres. Rien de tout cela ne diminue le caractère révolutionnaire du récit, qui est le mythe fondateur du monothéisme et même de l'idée même d'histoire telle que nous la connaissons aujourd'hui.
En effet, même si l'exode d'Égypte n'est pas historiquement vrai, il a exercé une influence considérable sur l'histoire humaine. Malheureusement, ce même récit sous-tend nombre des phénomènes politiques destructeurs du monde moderne. C'est aussi un élément à garder à l'esprit lorsque l'on raconte l'Exode. Ce n'est pas une histoire de réfugiés, mais de colons armés. Cela ne signifie pas que le récit de l'Exode doive être effacé de la culture juive – ce qui, de toute façon, est impossible. Tout texte ancien contient des éléments potentiellement dangereux. Mais il doit être interprété avec prudence.
Les historiens du futur verront, peut être, dans le mouvement sioniste l'histoire singulière de la réussite d'un peuple persécuté qui renaît de ses cendres. Mais en même temps, c'est une histoire de dépossession et d'occupation sans fin. L'héroïsme et l'oppression ne sont pas des histoires distinctes, mais une seule et même histoire. Cela est inhérent à tout « exode » : lorsqu'on quitte un pays, on entre dans un autre. Et des gens y vivaient aussi ».
Ofri Ilany.
L'œil était dans la tombe et regardait Caen (1)
Je ne peux m'empêcher de penser aux 15 secouristes enterrés ensemble à Rafah, avec leurs ambulances. Une image en particulier est restée gravée dans ma mémoire : celle de l'une des victimes, un jeune homme au regard pénétrant, qui vous regarde droit dans les yeux. Il s'appelait Rifat Radwan. Son téléphone portable, retrouvé dans la fosse commune qu'il partageait avec les autres corps et les ambulances, contenait son dernier enregistrement.
Dans la vidéo, Rifat entend les tirs prolongés des soldats de Tsahal. Comprenant à cet instant que sa mort approche, il commence à réciter la Shahada. Les tirs s'arrêtent un instant, puis reprennent, plus rapides. Il ne cesse de réciter, répétant : « Il n'y a de Dieu qu'Allah, et Mahomet est son prophète. »
Après cela, il commence à dire « Dieu est grand », tandis que les tirs s'intensifient et que sa voix faiblit. En arrière-plan, on entend des cris stridents, et Rifat dit : « Mère, pardonne-moi, c'est le chemin que j'ai choisi, aider les gens. » Il implore Dieu de lui pardonner et termine en demandant à Dieu de l'accepter tel qu'il est. Sa voix se brise, des coups de feu retentissent à nouveau, il dit : « Les Juifs sont là, les Juifs sont là. » Fin.
J'ai vécu cette scène, à laquelle je n’étais pas présent, pendant des jours, en silence, le cœur serré. Je marche avec le regard de Rifat devant moi, perçant, pénétrant droit à ma conscience. Je pense à lui pendant la journée, et quand je ferme les yeux, je ne vois que son visage, son regard direct.
Depuis le début de la guerre, j'ai connu plusieurs périodes où je voyais le regard de quelqu'un qui ne me quittait pas, un regard qui menaçait ma sérénité disparue. Mais depuis quelque temps et alors que la mort sévissait toujours à Gaza, aucun regard ne venait troubler ma paix intérieure. Jusqu'à ce que je croise le regard de Rifat.
Je blâme le système scolaire israélien et l'État d'Israël pour avoir introduit l'Holocauste dans mon ADN. Il fallait que je vérifie. J'ai cherché sur Google : « Meurtre de secouristes pendant l'Holocauste ». Et là, j'ai lu que « pendant l'Holocauste, notamment en Europe de l'Est, lorsque la guerre s'est étendue à l'est et au sud, de nombreuses équipes d'urgence, dont du personnel médical et des membres d'organisations humanitaires venant en aide aux communautés juives, ont été arrêtées et assassinées. Le but en était d'empêcher toute assistance à la population juive victime de la politique d'extermination du régime nazi. »
Nous sommes en avril et je pense à Pessah (2) et aux journées commémoratives de la saga du peuple juif. En particulier à la Journée du souvenir de l'Holocauste, qui a marqué l'année dernière la disparition de communautés juives entières [attaque du 7 octobre]. Que marquera la Journée du souvenir de cette année ?
Ce fossé intolérable entre la mémoire du peuple juif et la réalité du peuple palestinien. Entre la promesse souvent répétée du « Plus jamais ça » et ce qui se passe aujourd'hui. C'est le fossé entre une société israélienne qui s'ouvre, du moins en apparence, à une mémoire historique douloureuse et ignore la douleur des Palestiniens dont elle est acteur ou responsable.
- Vers célèbre d'un poème de V. Hugo. Le titre original de l'article est: This Intolerable Gap Between Jewish Memory and Palestinian Reality
- Dite « pâque juive » commémorée cette année du 12 au 20 avril. J’y consacrerai, à cette occasion, une chronique
The Guardian
L'armée israélienne a rasé une partie de Gaza pour créer une « zone de mort »
L'armée israélienne a rasé de vastes étendues de terre à l'intérieur de Gaza et a ordonné à ses troupes de transformer la zone en une « zone de mort » où toute personne pénétrant était une cible, selon les témoignages des soldats ayant exécuté ces ordres.
Des soldats israéliens ont déclaré avoir reçu l'ordre de détruire des habitations, des usines et des terres agricoles sur environ 1 km à l'intérieur de Gaza afin de créer une « zone tampon » que l'un d'eux qualifié d' Hiroshima.
Ces témoignages comptent parmi les premiers récits de soldats israéliens publiés depuis le début de la guerre en octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël. Ils ont été recueillis par « Breaking the Silence », un groupe fondé en 2004 par des vétérans israéliens qui vise à révéler la réalité de l'action de l'armée en Palestine. The Guardian a interrogé quatre des soldats qui ont corroboré ces témoignages…..La « zone de mort » s’étend le long de la frontière avec Israël, de la côte méditerranéenne au nord jusqu’à celle avec l’Égypte au sud.
Certains soldats ont affirment que leurs commandants considèrent ces destructions comme une vengeance des attaques du Hamas du 7 octobre,
L'un des soldats ayant témoigné auprès de « Breaking the Silence » sous couvert d'anonymat a déclaré que son unité avait reçu l'ordre de tirer à vue sur toute personne se trouvant dans cette zone. La mentalité au sein de son unité, a-t-il expliqué, était qu'il n'existait pas de « civil » et que toute personne pénétrant dans le périmètre était un « terroriste ».
Un sergent du corps blindé a déclaré avoir reçu en 2024 l'ordre de « tirer pour tuer » tout homme adulte pénétrant dans le périmètre. « Pour les femmes et les enfants, [l'ordre était] de tirer pour éloigner au moyen de tirs de chars »
Un autre capitaine a déclaré qu'il n'y avait « aucune règle d'engagement claire, à aucun moment » et a décrit un « usage généralement massif de la puissance de feu, notamment avec des chars ». Il a ajouté : « Il y avait beaucoup de tirs pour le simple plaisir de tirer, entre [la volonté de produire] un effet psychologique et l'absence totale de raison ».
« [Nous] avons lancé cette guerre poussés par la douleur, la colère et la conviction que nous devions réussir. Cette distinction [entre civils et infrastructures terroristes] n'avait aucune importance. Personne ne s'en souciait. Nous avons fixé une ligne au-delà de laquelle tout le monde est suspect. »
Comment les Palestiniens sauraient qu'ils franchissaient une ligne invisible ? On ne leur a pas expliqué clairement, ont déclaré les soldats. « Comment le savent-ils ? C'est une excellente question. Il y a suffisamment de morts ou de blessés en franchissant cette ligne, alors ils ne doivent pas s'en approcher. »
Des images satellite avaient déjà révélé que l'armée israélienne avait détruit des centaines de bâtiments situés dans une bande de 1 à 1,2 km le long de la clôture d'enceinte, dans une entreprise de destruction systématique qui, pourrait constituer une punition collective et devrait faire l'objet d'une enquête pour crime de guerre. Cette pratique est la concrétisation de la déclaration récente du ministre israélien de la Défense que l'armée s'emparera de « vastes zones » à Gaza lors d'une nouvelle offensive.
La « zone de mort » représente un peu plus de 15 % de la bande de Gaza et 35 % de la totalité des terres agricoles de la bande.
Malgré les ordres de tirer pour tuer, un adjudant en poste dans le nord de Gaza a déclaré que les Palestiniens revenaient sans cesse dans la zone « encore et encore après que nous leur ayons tiré dessus ». Ils semblaient vouloir cueillir des plantes comestibles poussant dans la région. « Il y avait de l'hubeiza [mauve] là-bas, car personne ne s'en approchait. Les gens ont faim, alors ils viennent avec des sacs pour cueillir l'hubeiza, je crois. » Certains réussissent à s'en sortir, avec leur nourriture et leur vie. « Le fait est qu'à ce stade, Tsahal répond véritablement à la volonté de la population, qui affirme : "Il n'y a pas d'innocents à Gaza". »
« Beaucoup d'entre nous y sont allés, moi aussi, parce qu'ils nous ont tués et maintenant nous allons les tuer », ont-ils déclaré. « Et j'ai découvert que nous ne les tuons pas seulement, nous tuons aussi leurs femmes, leurs enfants, leurs chats, leurs chiens. Nous détruisons leurs maisons et pissons sur leurs tombes. »
The Guardian
Dix Britanniques accusés d'avoir commis des crimes de guerre alors qu'ils combattaient pour Israël à Gaza (extraits)
Une plainte pour crimes de guerre contre 10 Britanniques qui ont servi dans l'armée israélienne à Gaza doit être soumise aujourd’hui à Scotland Yard par l'un des principaux avocats britanniques en matière de défense des droits de l'homme.
Le dossier de 240 pages allégué le meurtre ciblé de civils et de travailleurs humanitaires, y compris par des tirs de sniper, et des attaques aveugles contre des zones civiles, y compris les hôpitaux.
Le rapport préparé par une équipe d'avocats et de chercheurs britanniques à La Haye, accuse également les suspects d'attaques coordonnées contre des sites protégés, y compris des monuments historiques et des sites religieux, ainsi que de transfert forcé et de déplacement de civils.
Le rapport, qui a été soumis au nom du Centre palestinien des droits de l'homme (PCHR) basé à Gaza et du Centre de droit de l'intérêt public (PILC) basé au Royaume-Uni, couvre les infractions présumées commises sur le territoire d'octobre 2023 à mai 2024 et a pris six mois pour sa compilation.
Chacun des crimes attribués aux 10 suspects, dont certains ont une double nationalité, équivaut à un crime de guerre ou à un crime contre l'humanité, selon le rapport.
Un témoin, qui se trouvait dans un établissement médical, a vu des cadavres « éparpillés sur le sol, en particulier au milieu de la cour de l'hôpital, où de nombreux cadavres ont été enterrés dans une fosse commune ». Un bulldozer "a roulé sur un cadavre dans une scène horrible de profanation de morts", a déclaré le témoin. Ils ont également déclaré qu'un bulldozer a démoli une partie de l'hôpital.
Sean Summerfield, avocat à Doughty Street Chambers, qui a aidé à compiler le dossier, a déclaré qu'il était basé sur des preuves et des témoignages open source, constitutifs d’un “cas convaincant".
Des dizaines d'experts juridiques et des droits de l'homme ont signé une lettre de soutien exhortant l'équipe des crimes de guerre à enquêter sur les plaintes.
Haaretz
La Journée Nationale d’Action aux États-Unis marquée par des manifestations contre la répression des activistes pro palestiniens
WASHINGTON – Environ 5 000 manifestants se sont rassemblés samedi devant le Capitole pour protester contre les récentes arrestations d'étudiants pro-palestiniens par les services de l'Immigration et des Douanes. Ces arrestations s'inscrivent dans le cadre de la répression menée par l'administration Trump contre l'activisme pro-palestinien sur les campus américains.
Cette répression a suscité une vive inquiétude parmi les groupes de défense des droits civiques, qui estiment que ces actions violent les droits garantis par le Premier Amendement et créent un dangereux précédent en matière d'expulsion de non-citoyens pour cause d'activisme politique.
Parmi les intervenants figuraient des avocats des droits humains et des chefs religieux. « Le sort de la liberté d'expression et celui de la Palestine ont convergé », a déclaré Brian Becker, directeur de la Coalition ANSWER [1]
Les intervenants ont appelé à la fin de la guerre, à l'arrêt des ventes d'armes à Israël et à la protection des journalistes palestiniens. Derrière la scène étaient accrochées des photo de [2 journalistes] Shireen Abu Akleh, tuée par un sniper de Tsahal il y a deux ans, et de Hossam Shabat, tué à Gaza il y a deux semaines. Les manifestations ont éclaté suite à l'annonce de la visite imminente du Premier ministre Benjamin Netanyahou aux États-Unis.
« Lundi, un criminel de guerre recherché arrive à Washington pour entraîner les États-Unis plus profondément dans la guerre. Trump a deux options : faire respecter la loi ou contribuer à légitimer davantage cette guerre illégale et injuste », a déclaré Monadal Herzallah, du Réseau communautaire palestinien des États-Unis.
Les étudiants sont réprimés chez eux, pendant que Trump dit à Netanyahou : « C'est votre moment, foncez. Détruisez complètement le peuple palestinien à Gaza. C’est là-bas que la seconde Nakba, aura lieu »
Du Capitole, les manifestants ont marché jusqu'au siège de l'ICE [Administration des douanes et de l'immigration] puis jusqu'à la Maison Blanche.
Osama Abu Irshaid, d'American Muslims for Palestine, a déclaré que les arrestations d'étudiants manifestants et la répression contre les migrants sont liées, et que l'administration les utilise pour diviser l'opinion publique. « Ils veulent voir si vous êtes prêts à refuser les immigrants et à renoncer à la liberté d'expression et de réunion. Le ferez-vous ? ….»
Cette marche a coïncidé avec la Journée nationale d'action « Bas les mains ! », avec plus de 1 200 événements prévus dans les 50 États.
[1] La coalition answer : Act Now to stop War And End Racism, « Agir Maintenant pour arrêter la guerre et mettre fin au racisme » est une organisation de protestation et de plaidoyer basée aux États-Unis, fondée peu après les attentats du 11 septembre 2001 qui organise des manifestations d'envergure contre les interventions militaires américaines et les politiques nationales perçue comme impérialistes ou racistes.
Haaretz
Une employée de Microsoft [d'origine marocaine] perturbe un événement marquant le 50ème anniversaire de l'entreprise.
Une manifestation pro-palestinienne d'employés de Microsoft a interrompu, vendredi [5/4] les célébrations du 50e anniversaire de l'entreprise. La manifestation a débuté alors que Mustafa Suleyman, [britannique d'origine syrienne], PDG de Microsoft/IA, présentait les mises à jour de Copilot, l'assistant IA de l'entreprise, et la vision à long terme de Microsoft dans ce domaine, à un public composé notamment de Bill Gates, cofondateur de Microsoft, et de Steve Ballmer, ancien PDG.
« Mustafa, honte à toi ! » a crié Ibtihal Aboussad en se dirigeant vers la scène. Suleyman, pris de court, a alors interrompu son discours. « Vous prétendez vous soucier de l'utilisation de l'IA pour le bien commun, mais Microsoft vend des armes d'IA à l'armée israélienne. Cinquante mille personnes sont mortes, et Microsoft alimente ce génocide dans votre région. »
« Merci pour votre protestation dont je prends note », a déclaré Suleyman. « Aboussad a poursuivi en criant que Suleyman et « tout Microsoft » avaient du sang sur les mains ». Elle a également jeté un keffieh sur la scène, avant d'être escortée hors de la salle.
Une deuxième manifestante, Vaniya Agrawal, employée de Microsoft [d'origine indienne] a interrompu une autre partie de la célébration au cours de laquelle Gates, Ballmer et l'actuel PDG Satya Nadella étaient sur scène – le premier rassemblement public des trois hommes qui dirigent Microsoft depuis 2014.
Une enquête de l'Associated Press avait révélé, plus tôt cette année, que des modèles d'IA de Microsoft et d'OpenAI avaient été utilisés dans le cadre d'un programme militaire israélien pour sélectionner des cibles de bombardement lors des récentes guerres à Gaza et au Liban. L'article détaillait également une frappe aérienne israélienne en 2023 qui a ciblé un véhicule transportant des membres d'une famille libanaise, tuant trois jeunes filles et leur grand-mère.
En février, cinq employés de Microsoft ont été expulsés d'une réunion avec Satya Nadella pour avoir protesté contre les contrats entre Tsahal et Microsoft. Si l'événement de février avait perturbé une réunion interne, la manifestation de vendredi était publique, [largement médiatisée] et avait une portée bien plus vaste : une présentation en direct du passé et de l'avenir de l'entreprise. Certains employés de l'entreprise ont également manifesté devant le lieu de l'événement vendredi.
« Nous offrons de nombreuses possibilités pour que toutes les voix soient entendues », a déclaré l'entreprise dans un communiqué vendredi. « Il est important que cela se fasse de manière à ne pas perturber les activités. Si cela se produit, nous demandons aux participants de déménager. Nous nous engageons à garantir que nos pratiques commerciales respectent les normes les plus strictes. »
Microsoft a refusé de préciser si elle prenait d'autres mesures. Aboussad a déclaré à AP qu'elle n'avait pas encore eu de nouvelles de l'entreprise, mais qu'elle et Agrawal avaient, toutes deux, perdu l'accès à leurs comptes professionnels après la manifestation et n'avaient pas pu se reconnecter, ce qui pourrait indiquer qu'elles étaient licenciées.
N.B Orient XXI avait rapporté dans son No du 21/3/25 que : Deux enquêtes récentes ont révélé l’ampleur de l’usage de l’intelligence artificielle (IA) dans la guerre génocidaire menée à Gaza, mais aussi dans le contrôle de la population des territoires palestiniens occupés. Les start-up, souvent présentées comme un symbole de la modernité d’Israël, sont en réalité une partie intégrante du complexe militaire de ce pays. Une troisième enquête montre comment le géant américain Microsoft est partie prenante de cette stratégie de mort visant les Palestiniens.
Haaretz
Si l'administration américaine peut « nettoyer Gaza », pourquoi pas le Néguev ? (1)
Difficile d'imaginer deux pays plus différents que le Groenland et Israël. En réalité, le Groenland n'est même pas un pays ; c'est une région autonome en voie d'indépendance vis-à-vis du Danemark. C'est aussi une île géante presque déserte, sans routes interurbaines ni embouteillages. Israël, comme chacun sait, est un pays surpeuplé, chaud, petit et tendu.
Ces différences pourraient laisser penser que ce qui arrive actuellement au Groenland ne pourrait pas arriver à Israël. Mais il n'en est rien.
Ces derniers mois, le Groenland a subi une attaque brutale et traîtresse. Les États-Unis, qui ont été son partenaire et ami pendant des décennies, ont décidé d'enfreindre les règles et de menacer, de faire pression et de se saisir de l'île.
Le président américain Donald Trump a menacé d'annexer le Groenland, au mépris de la volonté de ses habitants. Pour prouver son sérieux, l'administration a envoyé le vice-président J.D. Vance visiter l'île, contre la volonté du gouvernement Danois qui en est le souverain légitime .
Contrairement aux affirmations de l'administration Trump, aucune intervention américaine n'est réclamée au Groenland. « Nous, tous les chefs de parti, ne pouvons accepter les déclarations répétées concernant l'annexion et le contrôle du Groenland », ont déclaré les chefs des cinq partis de l'île dans un communiqué commun. « En tant que chefs de parti, nous trouvons ce comportement inacceptable envers des amis et des alliés au sein d'une alliance de défense. »
Le Premier ministre danois a qualifié la démarche américaine de « pression inacceptable ». Des manifestations ont eu lieu dans toute l'île contre les menaces de Trump, avec des slogans tels que « Make America Go Away » [MAGA] . Il y a deux mois, un sondage révélait que 85 % des habitants de l'île s'opposaient à l'intégration aux États-Unis (et seulement 6 % la soutenaient). Mais les Américains s'en fichent.
L'exemple du Groenland, tout comme l'abandon de l'Ukraine par les États-Unis, illustre un aspect inquiétant de l'administration Trump. Les États-Unis auraient toujours pu continuer à protéger leur sécurité nationale en y installant des systèmes de défense et de contrôle des voies maritimes. Ils auraient également pu coopérer avec le gouvernement groenlandais et ses habitants pour la recherche, l'exploitation et la production de minéraux précieux.
Au lieu de cela, Washington a choisi de signaler au monde qu'un « nouveau shérif est en place », prêt à neutraliser quiconque se met en travers de son chemin.
D'autres pays devraient-ils également s'inquiéter de cette nouvelle Amérique, qui abandonne ses partenaires, change de camp et tire dans tous les sens ? Les Israéliens ne semblent pas particulièrement inquiets. Leur enthousiasme pour Trump n'a fait que croître, et son intervention pour obtenir la libération des otages et la levée des restrictions imposées à l'action militaire israélienne [en Palestine] en sont évidemment les raisons. Mais certains avancent également des arguments plus profonds pour justifier cette confiance aveugle dans l'administration Trump.
Un argument est que, contrairement au Groenland, Trump ressent un lien affectif avec Israël. Ses confidents et sa famille juive ont nourri en lui un lien profond avec le peuple juif, de sorte qu'il ne trahira pas Israël comme il a trahi les partenaires des États-Unis en Europe, au Mexique et au Canada.
Un autre argument est celui de la realpolitik. Dans le nouvel ordre mondial, le gendarme mondial américain cède la place à un monde multipolaire où la Russie et la Chine ont également des sphères d'influence. Israël peut donc compter sur les Américains, même s'ils sont des voyous opportunistes, car il fait partie d'un axe américano-saoudien-égypto-émirati contre l'ennemi iranien. Par conséquent, Washington le protégera quoi qu'il arrive – si ce n'est par sympathie pour les Juifs, du moins par intérêt politique et économique.
Mais il faut une grande cécité pour se fier à ces arguments. Le premier repose sur l'existence d'un socle émotionnel stable d'empathie, de responsabilité et d'appartenance chez quelqu'un qui ne possède aucun de ces traits. Le second repose sur l'idée que l'Amérique a des intérêts permanents et immuables dans un monde caractérisé par des alliances changeantes, des coalitions volatiles et des événements imprévus.
Même si l'Amérique oublie le Groenland et passe à une autre aventure, il faut se rappeler que les processus politiques sont complexes . Même ceux qui ont perdu toute moralité et se sont enthousiasmés à l'idée d'un transfert des Palestiniens, devraient se rappeler que si le transfert fait partie de la boîte à outils politique, il peut être appliqué n'importe où. Si l'administration américaine peut « nettoyer Gaza », pourquoi pas le Néguev ?
De même, même ceux qui ont salué le feu vert de Washington à la destruction de la bande de Gaza devraient se rappeler que l'absence de règles et de lois internationales pourrait également être utilisée contre eux à l'avenir. Et même si le nihilisme et l'opportunisme américains servent un intérêt israélien local et temporaire, nous devons garder à l'esprit que nous ne serons pas éternellement à l'abri.
- Le titre original de l’article de Haaretz à été changé
Éditorial de Haaretz du 2/4/25
Des événements terribles se sont produits la semaine dernière sur la route de Tel al-Sultan, un quartier de Rafah, à Gaza. Ce que nous savons pour l'instant, c'est qu'une ambulance du Croissant-Rouge a été appelée sur place pour évacuer les victimes d'une attaque israélienne. L'ambulance arrivée en premier a demandé l'envoi d'une deuxième ambulance. Mais cette dernière n'est jamais arrivée à destination, et il en a été de même pour plusieurs équipes de secours envoyées à sa poursuite.
Pendant cinq jours, on est resté sans nouvelles d'eux. Ce n'est que dimanche que l'armée a autorisé les équipes de secours des Nations Unies et du Croissant-Rouge à se rendre sur place. Elles ont découvert un énorme tas de sable où l'on pouvait voir des morceaux de véhicules écrasés : cinq ambulances, un camion de pompiers et des véhicules de l'ONU. À un autre endroit, elles ont creusé et découvert les corps de 15 secouristes : huit employés du Croissant-Rouge palestinien, six employés de la protection civile de Gaza et un employé de l'ONU.
Certains avaient les mains ou les jambes attachées, et des indices montraient qu'ils avaient été abattus à bout portant. Et comme si cela ne suffisait pas, alors qu'ils se rendaient sur place, des employés de l'ONU ont vu des centaines de personnes fuir la zone sous les tirs. Ils ont déclaré avoir vu une femme blessée d'une balle dans la nuque, et un jeune homme qui tentait de l'aider a également été touché.
L'armée israélienne a confirmé que les véhicules avaient été la cible de tirs, parce qu'ils semblaient suspects.
Mais la réponse de Tsahal est un mensonge flagrant, notamment compte tenu des règles d'engagement laxistes de l'armée dans la bande de Gaza et du fait que les officiers sur le terrain ignorent le droit international, voire le droit israélien. Les 15 secouristes tués à Tel al-Sultan rejoignent les plus de 1 000 professionnels de santé, secouristes et membres de la défense civile tués depuis le début de la guerre.
À ce jour, plus de 50 000 personnes ont été tuées à Gaza. Mercredi 2 avril, cela fera un mois qu'Israël a fermé tous les points de passage frontaliers avec Gaza. Depuis, aucune aide alimentaire ni aucune aide d'aucune sorte n'y est entrée. La menace de famine et d'une crise humanitaire plane à nouveau sur les 2 millions d'habitants de Gaza.
Même si ce gouvernement souhaite que la guerre se poursuive indéfiniment, elle prendra fin un jour.
Et ce jour-là, l'armée israélienne et la société israélienne dans son ensemble seront obligées de se regarder dans le miroir et reconnaitre que ces atrocités ont été commises en notre nom.
Haaretz | Ce qui s'est passé en Israël ce dimanche 30 mars
Otages/cessez le feu : Des sources israéliennes impliquées dans les négociations de cessez-le-feu avec le Hamas ont déclaré que malgré d'importantes divergences entre les deux parties, Israël pourrait être disposé à faire preuve de souplesse. Selon une source, le Hamas a accepté de libérer cinq otages vivants sur une période de 50 jours, en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens purgeant de longues peines pour des délits graves.
Samedi, Israël a soumis sa contre-offre aux médiateurs, en pleine coordination avec les États-Unis. Le point commun de toutes ces propositions est la libération du dernier otage vivant possédant la double nationalité israélo-américaine, Edan Alexander.
Netanyahou a déclaré au début de la réunion du cabinet dimanche [30 mars] que seules les pressions militaires et diplomatiques avaient permis de ramener les otages. Il a ajouté que les négociations avec le Hamas se poursuivaient et que le fait que ces négociations se déroulent parallèlement à la reprise des combats démontrait l'efficacité de cette combinaison. Suite à ces propos, Einav Zangauker, mère de l'otage Matan, a qualifié le Premier ministre de « menteur. La plupart des citoyens savent que vous sacrifiez les otages pour rester au pouvoir ».
Un sondage publié vendredi [28 mars] par la Douzième chaîne israélienne révèle que 69 % des Israéliens sont favorables à la fin de la guerre de Gaza en échange de la libération de tous les otages, tandis que seulement 21 % s'y opposent.
Boucliers humains : Selon un réserviste qui a servi à Gaza pendant neuf mois, les soldats israéliens utilisent des boucliers humains ; suivant en cela une procédure officieuse, appelée « protocole moustique », adoptée en décembre 2023, 2 mois après le début de l'offensive terrestre, donc bien avant la pénurie de chiens de l'unité canine de Tsahal, Oketz, utilisés à cette fin. C'est devenu l'excuse absurde pour justifier cette procédure inhumaine. Un bouclier humain, appelé « shawish », est présent dans chaque peloton ( 4 dans une compagnie, 12 dans un bataillon…) et aucun soldat n'entre dans une maison sans qu'un « shawish » y pénètre d'abord.
Houthis : un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté par l'armée de l'air, a indiqué l'armée israélienne. La police israélienne a indiqué que des éclats d'obus provenant de l'interception ont été retrouvés à plusieurs endroits dans la région de Jérusalem, notamment des restes de missile dans une cour d'école et des morceaux du missile intercepteur tombés sur le toit d'une voiture.
Divers : Selon le ministère de la Santé du Hamas, vingt personnes ont été tuées dans des frappes de Tsahal à Gaza dimanche matin, dont des femmes et des enfants.
La farine devrait être épuisée à Gaza d'ici une semaine si le blocus israélien sur la bande de Gaza se poursuit, a déclaré l'ONU.
Haaretz
Selon le communiqué publié par le cabinet de Netanyahou, la décision de frapper Gaza a été prise avec le ministre de la Défense, Israël Katz, après « le refus répété du Hamas de libérer nos otages, ainsi que son rejet de toutes les propositions reçues via l'envoyé présidentiel américain Steve Witkoff et des médiateurs ».
Mais c’est un mensonge. C'est Israël, et non le Hamas, qui a violé l'accord. Le 16e jour suivant le cessez le feu, les parties étaient censées entamer les discussions sur la deuxième phase, qui devait se conclure par la libération de tous les otages restants. Israël a refusé.
Israël a également rompu sa promesse de se retirer du corridor de Philadelphie entre le 42e et le 50e jour suivant le cessez-le-feu. De plus, Israël a annoncé l'arrêt de l'aide humanitaire à Gaza et la fermeture des points de passage frontaliers. Cette décision, tout comme celle du ministre de l'Énergie de suspendre la fourniture limitée d'électricité à Gaza, viole explicitement l'engagement pris par Israël dans l'accord, selon lequel l'aide continuera d'arriver tant que les négociations sur la deuxième phase se poursuivront.
Toutes les propositions reçues par le Hamas via Witkoff découlent du refus d'Israël de respecter sa part de l'accord. Par conséquent, la tentative de présenter le rejet des propositions de Witkoff par le Hamas comme un motif de reprise des combats n'est rien d'autre qu'une imposture.
C'est Israël, et non le Hamas, qui empêche la mise en œuvre de l'accord et le retour des otages. Le communiqué publié par le cabinet de Netanyahou précise également que l'objectif de la nouvelle attaque contre Gaza est « d'atteindre les objectifs de la guerre tels qu'ils ont été déterminés par l'échelon politique, y compris la libération de tous nos otages, vivants et morts ».
C'est un autre mensonge. La pression militaire met en danger les otages, et bien sûr aussi la vie des soldats israéliens et des habitants de Gaza, tout en détruisant ce qui reste de leur territoire..
Netanyahou a abandonné les otages pour sauver son gouvernement. Le tollé des familles des otages et des otages libérés ne l'intéresse ni lui ni les membres de sa coalition gouvernementale. Pour eux, l'essentiel est l'approbation du budget de l'État [avant le 30 mars].
Une manifestation de la plupart des organisations de protestation antigouvernementales est prévue à Jérusalem mercredi [19 mars]. La population doit se joindre aux familles des otages et exiger la reprise du cessez-le-feu ainsi que la signature et la mise en œuvre de la deuxième phase de l'accord. La vie des otages est de plus en plus menacée. Nous devons les sauver.
(Reproduction partielle, traduction Google légèrement éditée)
NYT
À quoi sert ce carnage continu à Gaza ? (1)
Pour l'instant, du moins, Netanyahou a repris la guerre à Gaza. Les frappes aériennes israéliennes y ont fait plus de 400 morts en un jour, dont des enfants, selon les autorités sanitaires de Gaza, et il semble plus clair que jamais que Netanyahou n'a pas de plan crédible pour Gaza après le cessez-le-feu.
Le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas était déjà sous perfusion, et je crains que nous ne retombions maintenant dans la sauvagerie d'une guerre odieuse qui a laissé Gaza avec le plus grand nombre d'enfants amputés par habitant au monde.
Alors que les négociations sur la prolongation du cessez-le-feu étaient dans une impasse, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a déclaré que son pays n'avait « pas d'autre choix que la reprise de la guerre ». Mais, bien sûr, Israël avait des alternatives, comme l'a souligné le principal groupe de défense des familles des otages israéliens à Gaza, même si ces alternatives n'étaient pas particulièrement du goût des dirigeants israéliens. Le groupe des familles des otages a dénoncé les frappes aériennes, déclarant : « Nous sommes choqués, indignés et profondément préoccupés par la destruction délibérée du processus de rapatriement de nos proches. »
Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, Netanyahou a brillamment défendu ses propres intérêts sans aucune stratégie claire privilégiant les intérêts d'Israël. À ce jour, Israël a rasé une grande partie de Gaza, tuant quelque 47 000 Palestiniens, dont 13 000 enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza. Certains estiment que ces chiffres sont gonflés, d’autres sous-estimés. La revue médicale The Lancet – [référence mondiale] - avance le nombre de 64 000 morts [et des milliers de morts potentielles des suites des 15 derniers mois de guerre]
Pour quel résultat ? La capacité de combat du Hamas est fortement dégradée, les concepteurs des attentats du 7 octobre ont été tués et Israël a rétabli une dissuasion incertaine. Mais, aucun des deux objectifs fondamentaux de la guerre d’Israël – libérer tous ses otages et détruire le Hamas – n’a été atteint.
Les États-Unis estiment que le Hamas a recruté presque autant de militants qu’il en a perdus, et le groupe conserve le contrôle de Gaza et semble plus populaire en Cisjordanie et dans le monde. Parallèlement, une grande partie de l’opinion mondiale, favorable à Israël jusqu'en 2023, s’est résolument retournée contre lui, et, à tort ou à raison, le mot « génocide » lui est souvent associé. Et la vie des otages israéliens restants est plus que jamais en danger.
Les États-Unis portent une responsabilité particulière dans la tragédie qui se déroule à Gaza, car ce sont des bombes américaines de 900 kg qui ont détruit des quartiers entiers ; ces munitions monstrueuses ne font pas la distinction entre les militants et les nourrissons. Joe Biden a refusé d'user de son influence pour exiger la fin de la guerre durant son mandat, et le président Trump a déjà expédié 1 800 bombes de 900 kg supplémentaires à Israël et proposé allègrement de débarrasser Gaza de ses habitants, ce qui équivaudrait à un nettoyage ethnique. [Récemment Trump a déclaré, avec la même insouciance : Mais qui parle de déplacer les habitants de Gaza ?. Lui, probablement plus mais Netanyahu et sa coalition déclarent y travailler. Ndlr]
Alors que Netanyahou ne se préoccupe que de sa propre carrière, que les États-Unis jettent de l'huile sur le feu, et que ni Washington ni Jérusalem ne se soucient vraiment de ce que subissent les civils à Gaza, je crains que nous ne devions nous préparer à des effusions de sang et à des souffrances incessantes, sans but stratégique.
- What Is This Continued Carnage in Gaza Achieving?
Haaretz
L’intérêt de l'article de Haaretz que je publie, légèrement édité, ci après présente un double intérêt : 1/ des solutions transitoires pour la réhabilitation de Gaza, dévastée par 16 mois de bombardements israéliens, existent sans expulsion de sa population comme le prétend Trump. 2/ la coopération entre Palestiniens et Israéliens reste possible après que les armes se seront tus.
Ce post fait suite à celui du 2/3/25 : Détour pat Mosul pour parler de Gaza.
Relancer l'espoir à Gaza
Parmi les centaines de milliers de Gazaouis qui vivent encore dans des camps de personnes déplacées, environ 12 000 d'entre eux se trouvent dans des camps basés sur un modèle inspiré des communautés coopératives des kibboutz israéliens – avec une cuisine commune, un système d'éducation coopérative et un emploi direct des résidents des camps dans divers métiers.
La poursuite du fonctionnement de ces camps, créés grâce à la collaboration entre une association palestinienne - Damour - à but non lucratif, et une organisation israélienne, l'Institut Arava ,est actuellement menacée par la décision d'Israël de fermer les points de passage vers la bande de Gaza. Cette fermeture perturberait l'approvisionnement en matériel des camps et pourrait empêcher l'établissement de nouveaux camps, comme prévu par l'initiative.
Les responsables de l'aide internationale prévoient qu'il faudra des années pour que Gaza retrouve une situation « normale », même si Israël lève ses objections à l'envoi de matériaux de construction et d'engins de génie civil à Gaza et si le cessez-le-feu se poursuit.
Au cours de la guerre, la grande majorité des 2,2 millions d'habitants de Gaza ont été déplacés de leurs foyers. La plupart d'entre eux se sont installés dans la partie sud de la bande de Gaza.
Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 janvier, des centaines de milliers de personnes sont retournées dans le nord de Gaza et ont commencé à y restaurer des zones résidentielles. Certains ont choisi de vivre parmi les ruines, d'autres sous des tentes, d'autres encore dans des espaces aménagés au milieu des monticules de gravats
Damour et Arava ont impliqué des agences internationales dans leur initiative, intitulée « Relancer l'espoir à Gaza », qui vise à proposer un modèle pour soutenir les Gazaouis pendant la période de transition.
Pendant les premiers mois de la guerre, l'organisation s'était concentrée soit sur l'aide aux Gazaouis pour se déplacer dans l'enclave côtière, soit pour quitter la bande de Gaza, a expliqué le Dr Tareq Abu Hamed, directeur exécutif de l'Institut Arava.
Ayant réalisé que les déplacés vivraient sous des tentes pendant des année, ils ont commencé à travailler à la construction de camps de réfugiés durables, avec notamment l'eau potable, le tout-à-l'égout, l'énergie solaire et la possibilité de stocker l'eau.
Jusqu'à présent, trois camps ont été établis dans le centre-sud de la bande de Gaza. Ces camps sont entourés de clôtures et se composent d'un ensemble de tentes comprenant une cuisine commune, des espaces éducatifs, des générateurs électriques et des systèmes de purification de l'eau et d'assainissement. Les humanitaires espèrent améliorer encore les conditions de vie dans les camps : remplacement des tentes par des caravanes, transition vers l'électricité solaire et production de biogaz (gaz de cuisine) à partir des eaux usées.
Deux principes fondamentaux ont guidé la planification de ces camps de personnes déplacées.
Le premier est de garantir leur autonomie en matière de services tels que l'électricité et le traitement des eaux usées, sans dépendre des infrastructures de la bande de Gaza systématiquement détruites pendant la guerre et qui ne seront pas réutilisables avant longtemps.
Le second principe directeur est l'adoption d'une approche coopérative, « assez proche de l'idéal kibboutzique », a déclaré Abu-Hamed, dont l'institut est lui-même situé dans un kibboutz.
Les responsables du projet prévoient d'établir cinq camps supplémentaires à Gaza : deux au sud et trois au nord de la bande. L'un d'entre eux, dont l'installation était prévue ces jours-ci à Khan Younis, devait accueillir environ 3 500 déplacés. Mais, celle-ci est actuellement compromise, en raison de l'annonce par Israël de l'arrêt de l'aide entrant a Gaza, début mars.
Depuis la semaine dernière, tous les postes-frontières sont fermés. « À ce jour, nous avons 720 tentes, des vêtements d'hiver, des matelas, des couvertures, 3 000 kits d'hygiène, des réservoirs d'eau et des systèmes de production d'eau à partir de l'air, qui attendent à la frontière. Deux systèmes de dessalement et des systèmes de biogaz attendent également à la frontière avec l'Égypte », a déclaré Barak Talmor, responsable de l'initiative « Relancer l'espoir à Gaza ».
Haaretz
Furieux, irascible, contradictoire : comment interpréter la March Madness (1) de Trump au Moyen-Orient ?
Les annonces politiques changeantes, les volte-face et les déclarations contradictoires de Donald Trump sur le Hamas, Gaza et l'Iran ne peuvent être ignorées comme un simple manque de clarté ou de cohérence. Ce qui est un fait. Mais il y a aussi une stratégie délibérée, quoique destructrice, à l'œuvre.
La seule chose qui puisse égaler les fluctuations rhétoriques effrénées du président américain sur le Moyen-Orient ces dernières semaines est la fluctuation tout aussi effrénée des réactions et des interprétations confuses qu’elles provoquent en Israël.
Ce qui a commencé par des éloges pour l'expulsion de tous les Palestiniens de Gaza et l'assurance donnée à Netanyahou qu'Israël pouvait reprendre la guerre, s'est achevé ainsi : « Trump a ingénieusement concocté un stratagème avec le Qatar pour contourner Israël, excédé par les tergiversations de Netanyahou, puis a autorisé des négociations directes avec le Hamas par l'intermédiaire de son envoyé pour les otages, Adam Boehler. »
À Washington comme à Jérusalem, les clarifications contradictoires ne peuvent dissimuler l’évidence qu'Israël a peu d'influence sur l’administration Trump, et le président ne considère peut-être pas Israël comme un allié indispensable au Moyen Orient.
Voici un exemple de ces contradictions : « Trump veut la fin immédiate de la guerre à Gaza » / « Trump a donné son feu vert à la reprise de la guerre par Israël. ». « Trump insiste sur la mise en œuvre de la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu. » / « Trump menace que si le Hamas ne libère pas tous les otages d’ici demain midi, ce sera l'enfer pour eux. ». Trump veut la libération immédiate de tous les otages / Trump veut la libération de tous les otages de nationalité américaine. « Trump veut dépeupler Gaza, expulser 2,3 millions de Palestiniens et construire une magnifique Riviera. / Trump approuve le plan de l'envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff – libération d'otages et prolongation du cessez-le-feu – qui garantit essentiellement le maintien du Hamas à Gaza, sans toutefois lui conférer de pouvoirs de gouvernance. »
Un jour, il envoie une lettre au guide suprême iranien, expliquant qu'il souhaite un accord sur le nucléaire ; le lendemain, il menace militairement l'Iran. Un jour, il encourage Israël à reprendre la guerre ; le lendemain, il envoie un émissaire pour dialoguer directement avec le Hamas.
Tout cela paraît truffé d'incohérences. C'est vrai, mais un principe fondamental prévaut : Trump veut se débarrasser de cette affaire de Gaza et il est mécontent des tergiversations de Netanyahou. Pour lui, si un « accord saoudien » doit voir le jour dans le prolongement des accords d'Abraham, il faut absolument conclure sur Gaza. Si l'on admet cette logique, les incohérences et contradictions s'estompent et la politique de Trump prend du sens.
On a tendance à qualifier celle-ci de « transactionnelle » et motivée par des considérations financières, mais le principe sous-jacent est que, selon Trump, l'Amérique n'a pas d'alliés, que presque tous les autres sont des losers et que, par conséquent, Trump doit tout faire lui-même. Tout le monde trompe et dupe l'Amérique ; le monde déteste l'Amérique, et donc tout le monde le déteste.
Le principal instrument utilisé pour promouvoir son récit est le langage. Il s’agit d’un langage populiste qui n’a ni tons, ni nuances, ni reconnaissance des complexités de la réalité. C’est exactement ce qui manque aux démocrates libéraux du monde entier : une représentation en noir et blanc d’une réalité simplifiée à l’extrême, immédiatement compréhensible et facilement adoptable.
Si Trump est mécontent de la gestion peu coopérative de Netanyahou dans l'impasse à Gaza, l'Iran suscitera un désaccord bien plus profond entre les deux pays. Si Trump a effectivement contourné Netanyahou sur Gaza, imaginez ce qu'il pourrait faire lorsque Netanyahou tentera de saper ses tentatives de parvenir à un nouvel accord nucléaire avec l'Iran.
- Comportement dément qui affecte certains au mois de Mars (notamment les fans du football américain en début de saison des grands tournois.
Le Cessez-le-feu est un mot creux pour les Palestiniens
Le nombre total de morts en Cisjordanie depuis le 7 octobre dus à l'intensification de la violence des colons et des attaques de l’armée d’Israel s'élève à près de 1 000. Le cessez-le-feu n.y a fait qu'exacerber la situation. Alors que Gaza mobilise moins de ses ressources, Israël a déplacé son effort de guerre vers la Cisjordanie entamant ainsi un processus dit de « Gaza-ification ».
Des qu’un cessez-le-feu a été signe à Gaza, Israël a lancé l'opération Mur de fer, en Cisjordanie, signalant qu'il s'agit maintenant d'une guerre éternelle de vengeance.
Rien que l'année dernière, plus de 224 enfants ont été tués en Cisjordanie par les forces et les colons israéliens, selon les Nations Unies. Ce nombre représente près de la moitié du nombre total d'enfants tués en Cisjordanie depuis le début des enregistrements, il y a 20 ans. Parmi eux se trouvent Ayman al-Hammouni, dont la mort par balle a été filmée, , ainsi que Layla al-Khatib, deux ans, abattue dans sa propre maison. Et l'enfant à naître de Sundos Jamal Mohammed Shakabi enceinte de huit mois assassinée par des soldats israéliens.
Les procédés et les justifications sont étrangement similaires à ceux utilisés à Gaza: Cibler les militants est l'explication avancée pour les destructions d'infrastructures, le déplacement de populations (40 000 jusqu'à présent, en moins de deux mois), le ciblage des installations médicales et leur personnel, le nivellement de quartiers entiers et l'assouplissement des règles militaires d'engagement pour donner aux soldats plus de marge de manœuvre.
Selon l'Unrwa, « l'utilisation de frappes aériennes, de bulldozers blindés, de détonations contrôlées et d'armes sophistiquées par les forces israéliennes est devenue monnaie courante en Cisjordanie ». Le résultat est un assaut en Cisjordanie aussi historique que celui de Gaza…
Le cessez-le-feu à Gaza ne devrait induire personne en erreur qu'Israël et la Palestine sont sur la voie du retour au statu quo d’avant guerre, ou qu'il y a la promesse d'un avenir stable après celle-ci.
Donald Trump, les dirigeants arabes et le gouvernement israélien peuvent discuter à l’infini sur le meilleur "plan pour Gaza", la réalité est que la guerre à Gaza est peut-être arrêtée pour l’instant mais quelque chose d'autre, dans tous les territoires palestiniens, a commencé.
NDLR: la conclusion de Nessrine Malik (auteure de l’article) est, pour le moins inquiétante. Annexion de la Cisjordanie ?
Lassé des tergiversations de Netanyahu, Trump l'a exclu des négociations de cessez-le-feu
Adam Boehler, le représentant américain pour les otages, a révélé, dimanche [9/3/25], au public israélien ce que Netanyahou refuse de dire : il y a eu des développements positifs dans les négociations et davantage d’otages sont sur le point de rentrer chez eux. S’adressant à la chaîne israélienne Channel 12 News, Boehler a déclaré aux Israéliens que les États-Unis ne les [otages] avaient pas oubliés.
Boehler a également déclaré à CNN que les États-Unis « ne sont pas un agent d’Israël », illustrant ainsi le style peu diplomatique de la nouvelle administration. Si un représentant de l’administration Biden avait dit la même chose, les dirigeants israéliens en auraient perdu la tête.
Il est clair que la politique des États-Unis au Moyen-Orient vise désormais trois buts: 1/ le retour des otages ; 2/ la fin de la guerre entre Israël et le Hamas ; et 3/ la normalisation de la relation israélo-saoudienne.
Le Hamas, avec l'aide du Qatar (ou vice-versa), a compris le message de Trump et propose la même chose et plus encore, selon les révélations de Boehler de dimanche: un cessez-le-feu de cinq à dix ans, le dépôt des armes et l'abandon de son contrôle sur la bande de Gaza.
C'est la realité, même si le ministre des Finances Bezalel Smotrich affirme devant les partisans du « Grand Israël » travailler sur la constitution d'une administration chargée de promouvoir l'émigration de la population de Gaza.
Une source disposant d'informations détaillées sur la rencontre récente entre Trump et Netanyahou aux États-Unis a déclaré à Haaretz que lorsque Netanyahou a évoqué la question de l'opposition de la coalition gouvernementale à la poursuite de l'accord sur les otages, Trump a répondu qu'il était de sa responsabilité de former et diriger sa propre coalition et ce n'est pas Smotrich qui en retardera la mise en œuvre.
Tout se jouera demain [11/3] à Doha. En Israël, on parle d’un accord mardi ou mercredi, et du retour des otages samedi ou dimanche. Même si ces prévisions sont trop optimistes [en termes de calendrier], l’image qui se profile est assez claire : [Pris en étau entre sa coalition et Trump] Netanyahou était dos au mur et les Qataris ont creusé un tunnel sous le mur. Qatar, à présent, occupe la place centrale à la table des négociations et en écarte les Egyptiens, qu’il déteste. Les réunions du Caire ont échoué, celles de Doha ont réussi, et pour cause. Le Premier ministre du Qatar, Sheikh Mohammed al-Thani, a été interviewé par Tucker Carlson, le journaliste ultra-conservateur proche d’Elon Musk.
Ce fut un geste habile de s’adresser directement à la droite profonde américaine. Mais avec les Qataris, tout est calculé. Al-Thani portait un keffieh et un « thawb » (qamis traditionnel qatari) et non un costume occidental, comme il l'avait fait pour l'interview avec la chaîne israélienne Channel 12 News. Il a accueilli Carlson pendant quelques jours à Doha, et même dans sa maison privée. L'interview a commencé avec Carlson louant obséquieusement les milliers d'années de valeurs qataries et déplorant, à tour de rôle, les critiques occidentales de l'émirat. Sur la question de l'Iran, il a fait passer un message qui fait l'unanimité des isolationnistes comme Carlson : la paix est préférable à la guerre.
Al-Thani a fait l'éloge de Witkoff pendant l'interview et a même mentionné qu'ils étaient de bons amis, à tel point qu'il a assisté au mariage de son fils, quelques mois auparavant. Et quiconque le qualifie « d'instrument du Qatar » ne veut simplement pas la paix au proche orient, a déclaré al-Thani. La relation Witkoff-Al Thani est telle que même le grand Ron Dermer [le bras droit de Netanyahu] ne sera pas en mesure de s'insérer entre les deux.
Les Barons Voleurs
Miryam Adelson, à qui j'ai consacré une chronique (le conflit israélo palestinien, tranchée par la veuve d'un magnat de Las Vegas) dans mon livre, a joué un rôle important dans la libération des otages Israéliens en pressurant son obligé, Donald Trump, dont elle est un des principaux donateurs. Récemment elle a mobilisé son jet particulier pour transporter certains des otages libérés de Tel Aviv a Whashington pour rencontrer Trump et le convaincre de pressurer Netanyahu en vue de la libération des otages encore détenus.
Pour rappel, dans ma chronique sus citée, j'avais souligné, citant Haaretz, que Sheldon époux de Miryam, aujourd'hui décédé, avait contribué à la campagne de Trump de 2016 à hauteur de $90 millions contre la promesse que Trump déménagerait l'ambassade US de Tel Aviv à Jérusalem s'il était élu. Ce qu'il fit et en fut remercié au moyen d'un placard publicitaire d'une page du NYT financé par Adelson. J'avais également avancé, sur la base d'un échange secret entre Trump et Miryam (fuité dans la presse) en 2021, que la contrepartie d'un don de $100 million à la campagne de Trump de 2024 ne serait rien de moins que la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté d’Israël sur la Palestine de La Mer a la Rivière.
Pour revenir au rôle de Miryam Adelson dans la libération de certains otages, Haaretz, dans son édition du 5/5/2/Haaretz écrit :
Miryam Adelson mérite effectivement d’être saluée pour son rôle important dans l’affaire des otages : en coulisses, elle a poussé le président américain à faire pression sur le Premier ministre et a ainsi contribué, littéralement, à sauver de nombreuses vies. Mais les messages élogieux la célébrant comme rédemptrice d’Israël et ornant son image de cœurs et de fleurs [est pour parler le langage cont too much].
L’enthousiasme actuel pour Adelson ne tient pas compte du fait que même son activité en faveur des otages est une preuve effrayante de notre entrée dans une ère de sombre ploutocratie, où une poignée de milliardaires comme Adelson et Elon Musk jouissent d’une influence mondiale sans précédent et passent du statut de donateurs à celui de dirigeants de fait.
Rien n'illustre mieux cette nouvelle que les sièges au premier rang réservés aux magnats de la Silicon Valley lors de l’investiture de Trump en janvier dernier. Quelques jours après le discours d’adieu dans lequel le président Joe Biden a mis en garde contre « l’oligarchie » qui prend forme en Amérique, Trump a promis de ramener l’Amérique à l’âge d’or, celui où des barons voleurs ont fait fortune dans des industries telles que le tabac, le pétrole et la banque et ont exploité leur pouvoir pour plier le gouvernement à leurs besoins et devenir encore plus riches, aux dépens des citoyens..
L’argent a toujours été synonyme d’influence. Mais à la lumière de l’érosion des mécanismes démocratiques aux États-Unis, en Israël et ailleurs, et de la concentration d’immenses richesses dans si peu de mains (la fortune personnelle d’Adelson est d’environ 32 milliards de dollars, celle d’Elon Musk d’environ 385 milliards de dollars), cette influence devient un véritable danger.
Les politiciens d’aujourd’hui sont des gens qui ont des intérêts économiques globaux, dont la richesse influence les campagnes électorales, alors qu'ils n'ont aucune légitimité sanctionnée pas un vote populaire. Leurs décisions, qui affectent nos vies, sont prises sans discussion ni transparence et peuvent changer à tout moment.
Parfois, ils font le bien, et ils s’attendent à ce que nous les saluions avec admiration lorsqu’ils passent dans leurs carrosses dorés. Hourra, pour votre B.A. [bonne action] aujourd’hui ! Mais demain, qu’est ce qui nous attend ?
Haaretz
Trump and Netanyahu Herald the End of History, but in Reverse (Trump et Netanyahu annoncent la fin de l'histoire… à l'envers)
Après l’effondrement de l’Union soviétique, l’universitaire américain Francis Fukuyama avait proclamé « la Fin de l’Histoire », après ce qui semblait être le triomphe évident et irréversible de la démocratie libérale menée par les États-Unis. Enthousiasmé par la fin de la guerre froide, Fukuyama prédisait un monde de liberté et de prospérité, sans imaginer l’irruption de la Chine sur la scène mondiale, le retour de la dictature en Russie et la montée du populisme nationaliste en Amérique, en Inde, en Turquie, en Europe et en Israël. La réalité de 2025 est très différente de l’utopie qu’il prévoyait.
La rencontre Trump-Zelensky de vendredi dernier, au cours de laquelle l’Amérique a sacrifié l’Ukraine à Vladimir Poutine, marque un nouveau tournant : la fin de l’histoire, mais à l’envers. Le nouveau régime de Washington a effacé le mince vernis de moralité et de lumières qui avait masqué la politique intérieure et extérieure américaine et a consacré à sa place le principe selon lequel la force fait le droit. Un oligarque président, un monde divisé en sphères d’influence pour les superpuissances et quiconque se met en travers de ce nouvel ordre, comme le malheureux Zelensky est balayé.
Israël est « la plus grande puissance, du Bangladesh à Marrakech », selon Ehud Barak, mais en vérité́ , c’est un petit bateau en papier emporté par le courant. …L’air du temps, qui souffle depuis la Maison Blanche de Trump et JD Vance, embaume le cœur de Netanyahou qui « combat les élites » pour établir un régime autoritaire sans contrepoids. Après avoir esquivé sa responsabilité dans le désastre du 7 octobre, sa politique étrangère épouse celle de ses puissants homologues : destruction et transfert de population à Gaza, annexion et dépossession en Cisjordanie, conquête d’une sphère d’influence en Syrie.
Dans ses rêves, Netanyu, remodèle le Moyen-Orient en une tapisserie d’États vassaux d'israél. Face à ces plans grandioses, la souffrance des otages israéliens encore détenus à Gaza et de leurs familles n’est qu’un bruit parasite pour le Premier ministre.
Pour réaliser sa vision, tel le roi Hérode à la cour de l’empereur romain, Netanyahou accumule les flatteries envers Trump en échange de son patronage, sans oublier de baiser, au passage, la main de Poutine. Pour Netanyahou, les idées de liberté, de justice et de paix des prophètes bibliques sont destinées aux perdants comme les Palestiniens, les Syriens et Zelensky. Nous sommes à l’ère du pouvoir, et Netanyahou en est le prophète local.
Mais, tout comme la vision de Fukuyama avait une date d’expiration, il en sera de même pour la « fin de l’histoire » actuelle.
Pour parler de Gaza, nous ferons un détour par Mosul (ex capitale de l'Etat Islamique dont la reconstruction bat son plein depuis que Daech en a été chassé en 2017) en citant un article du The Observer du 2/3/25 (we cleared the rubble with our bare hands).
« C’était formidable de revenir chez soi », dit Sara une résidente de Mosul. « Le quartier a beaucoup changé, mais il est toujours très beau et nous sommes optimistes quant au fait que de plus en plus de voisins pourront s’installer chez eux. La plupart des membres de notre famille travaillent ici pour la reconstruction de la ville. La vie est encore précaire, mais nous espérons que dix ans après l’occupation de notre ville bien-aimée par Daesh, elle ne fera que s’améliorer. »
« ....Nous étions dévastés lorsque le minaret a été détruit par Daech en juin 2017, et nous avons maintenant les capacités et les moyens de le reconstruirs en utilisant des techniques nouvelles. » dit un autre habitant engagé dans la reconstruction de la mosquée Al Nuri (12 ème siècle, du minbar de laquelle le calife autoproclamé de l’État islamique , Abou Bakr al-Baghdadi, avait proclamé le « califat » en 2014). Quasi détruite lors des combats de reprise de Mosul par une coalition internationale en 2017, la mosquée Al Nuri rouvre ses portes aux fidèles pour les prières du Ramadan.
Un autre résident engagé dans la reconstruction de son quartier nous declare: " Nous avons nettoyé le quartier des décombres à mains nues, nous avons trouvé des cadavres et des bombes non explosées, puis nous avons finalement réussi à restaurer cette maison traditionnelle et à en faire un café et un bureau pour nos activités".
Ce qui a été fait à Mosul, pourquoi ne le serait il pas à Gaza?
Haaretz
What Does Netanyahu Mean When He Vows to 'Resume the War' in Gaza? (Que veut dire Netanyahu par reprise de la guerre à Gaza ? »
Que pourrait apporter une reprise de la guerre ? Rien. Bombarder Gaza et y déployer deux ou trois divisions ? Pour accomplir quoi ? Et subir combien de pertes ? L’armée a-t-elle des objectifs réalisables ? Peut-être que oui, mais à un niveau très tactique.
Existe-t-il un objectif politique dont découlent les objectifs opérationnels ? Non. Il n’y a jamais eu d’objectif politique en termes de « que fait on après la guerre ? », notamment en matière d’entité pour combler le vide de gouvernance qui résultera de la « destruction du Hamas". Israël a refusé d’engager le dialogue avec les États-Unis à cet égard et c’est là son gros problème maintenant.
Netanyahou dit que le « plan de Trump » visant à vider Gaza de ses 2,3 millions de Palestiniens pour y construire une « Riviera » EST son plan d’après-guerre. C’est une farce. Il est peu probable que même Trump le prenne au sérieux à ce sujet. Trump a balancé une idée qui ébranle le statu quo dont la faisabilité est nulle. Le fait que Netanyahou en fasse sa stratégie est tragiquement risible.
Si l’objectif est de détruire le Hamas en tant que force militaire et entité politique, il n’y a qu’un moyen très coûteux d’y parvenir : occuper Gaza. Mais cela implique de pourvoir la population en nourriture, eau, médicaments, électricité, aide humanitaire, services sociaux police…lsraël a-t-il vraiment l’intention de le faire, en a-il-il les moyens?
Bien sûr que non. Imaginez que Netanyahou trouve un prétexte pour reprendre la guerre :il éradique le Hamas, occupe Gaza, puis appelle Trump et dit : « J’ai fait ce que vous m'avez dit, maintenant à vous de faire ce que vous avez publiquement promis, la Riviera et tout. » Et Trump grogne : «Vous avez fait un superbe boulot. Dem..dez vous, moi je suis occupé avec l’Ukraine et Taiwan maintenant »
La « reprise de la guerre » n’est donc rien d’autre qu’un slogan creux destiné à apaiser les alliés politiques sans lesquels le gouvernement de Netanyahou est en danger. Mais les guerres sont l’incarnation de l’imprévisible….
Haaretz
Au cours d'un défilé militaire, le Hamas et le Jihad islamique palestinien ont remis les cercueils contenant les corps des otages israéliens Oded Lifshitz, Shiri Bibas et ses deux jeunes fils Ariel et Kfir à la Croix-Rouge de Gaza, qui les a remis à l'armée israélienne. Après leur retour en Israël, l'Institut national israélien de médecine légale a formellement identifié l'un des corps comme étant celui d'Oded Lifschitz. L'envoyé américain pour les otages Adam Boehler a déclaré que l'Américain d'origine israélienne Edan Alexander était vivant et qu'il serait probablement libéré de la captivité du Hamas. Le prince héritier saoudien MBS a invité vendredi les dirigeants des États du Golfe, de l'Égypte et de la Jordanie à Riyad pour préparer le sommet arabe d'urgence sur Gaza prévu pour le 4 mars, ont rapporté les médias d'État saoudiens. L'armée israélienne a déclaré avoir intercepté dans la nuit un drone qui tentait de faire entrer clandestinement des armes à Gaza depuis le sud d'Israël. Le Jihad islamique palestinien a déclaré que son chef avait rencontré le président iranien à Téhéran.
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Avant de remettre les corps à la Croix-Rouge, le Hamas a placé les quatre cercueils noirs sur une scène entourée de militants armés et de banderoles, dont une grande affiche représentant le Premier ministre Netanyahu en vampire. Des milliers de personnes, parmi lesquelles des terroristes condamnés et libérés dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu, ont assisté à la représentation.
Haaretz
Pendant dix jours, Netanyahou a été arrogant et heureux – humiliant les Saoudiens, taquinant les Qataris, embrassant le ministre d’extrême droite Bezalel Smotrich, impliquant sa femme dans les discussions sur la sécurité, essayant de ramener le politicien d’extrême droite Itamar Ben-Gvir dans son gouvernement, écartant tous les bureaucrates comme ne méritant pas d’être écoutés et enterrant la deuxième étape de l’accord sur les otages. Mais dimanche après-midi, il a dû redescendre de son nuage Nous sommes revenus à la réalité, là où nous étions il y a un mois. Le « plan Trump » pour Gaza, dans la mesure où il y en avait un, a fait long feu. Trump ayant fait savoir à Netanyahu : "Bibi, fais à Gaza ce que tu veux...". Apparemment l’attention du président, toujours avide d’attention, errait déjà ailleurs...
Haaretz
It is Horrifying How Many Israelis Support the Expulsion of Palestinians. (La proportion d'Israéliens soutenant l'expulsion des Palestiniens est terrifiante)
L’idée de transférer la population de Gaza, ne date ni de Trump ni d’Avidor Lieberman. La déportation de palestiniens s'est déjà produite ici une fois et s'est inscrite, depuis lors, dans « l'ADN » d’Israël. C’était en 1948, un événement que beaucoup d'Israéliens préfèrent oublier. ..
En 1948, les Juifs croyaient qu’expulser les Arabes de leurs foyers leur permettrait de vivre en paix dans les frontières de leur nouvel État. Soixante-dix-sept ans plus tard, ce n’est pas le cas. La déportation n’a pas apporté la sécurité à l’époque, et ne l’apportera pas aujourd’hui, même si elle peut faire gagner quelques arpents de terre.
Je ne suis pas surpris que la droite israélienne soit ravie du plan de Trump. Ce qui m écoeure, c’est qu'il en est de même dans le camp de centre-gauche, qui accepte soudainement, avec enthousiasme, ce nouveau transfert qui n’est pas sans rappeler la Solution finale.
Sans sourciller, ils disent : « Quel est le problème avec la relocalisation ? Gaza n’est plus habitable, peut-être est-ce une bonne chose pour les Gazaouis qui cherchent une vie meilleure. » Sans se demander pourquoi Gaza n’est plus habitable. Et une vie meilleure ? comme s'il s'agissait d'un déménagement à Berlin ou à New York.
Quand on a un passeport, un capital de départ ou un emploi assuré à l’étranger et évidemment une maison où retourner en vacances à Gaza, il n’y a rien de tragique dans une relocalisation. Mais comment peut-on sérieusement croire que des gens qui ont tout perdu – famille, partenaire, enfants, biens, santé – dont beaucoup souffrent de blessures graves, d’amputations ou de traumatismes post-traumatiques, trouveront une « vie meilleure » en exil, en tant que réfugiés ?.
Ce qui est tragique, par contre, est que toute décision concernant les Palestiniens, est prise toujours par dessus leurs têtes , que ce soit pendant le mandat britannique, dans le bureau de Trump ou celui de Netanyahu.
Une fois de plus, les Israéliens et leurs protecteurs étrangers considèrent les Palestiniens comme des gens sans attaches à leur terre. Peut-être que certains Palestiniens aimeraient quitter Gaza dans les tragiques circonstances qu'ils vivent, mais nous savons tous qu’une fois partis, il n’y aura pas de retour possible.
Que le plan de transfert de Trump se réalise ou non – et je parie pour le non – le fait de réaliser que je vis dans un pays où 72 % de la population soutient ouvertement la perpétration d’un autre crime contre l’humanité et un autre peuple, est horrifiant. Je ne peux m’empêcher de penser à ce que les Juifs d’Allemagne ont dû ressenti…(Hanin Majadli)
Haaretz
Israel's Left and Right Need to Let Go of Their 'Day After' Scenario (La gauche et ka droite israéliennes doivent abandonner leur scénario du « jour d'après")
L'objectif de détruire le Hamas et ses capacités militaires n'a jamais été réaliste. Les dirigeants militaires et politiques, sous le choc, ont pris cette décision quelques heures seulement après le massacre du 7 octobre. Ils n'ont jamais examiné la faisabilité de cette idée.
Dix jours après le massacre, l’objectif fixé par le gouvernement ne visait rien de moins que le remplacement du régime de la bande de Gaza. Ce régime repose sur l’infrastructure idéologique, politique et organisationnelle du Hamas. Le gouvernement a pris cette décision alors qu’il avait vu que toutes les tentatives d’imposer un changement de l’extérieur au cours des décennies passées, partout dans le monde, ont echoué. Un échec similaire était prévisible
Pourtant, la réapparition du Hamas immédiatement après le cessez-le-feu et sa reprise rapide d’une partie de ses fonctions gouvernementales, comme le montre l’accord sur les otages, ont pris Israël par surprise. C’est ce qui arrive lorsque la pensée militaire domine le discours ; elle crée l’illusion que tuer des militants les uns après les autres, détruire des tunnels, saisir des armes, tuer en masse des civils et détruire des infrastructures civiles conduira à un changement de régime.
Tout le débat sur le « jour d’après » est tout aussi trompeur. Le centre-gauche reproche à Netanyahou d’avoir laissé survivre le Hamas parce qu’il n’a promu aucune vision pour le « jour d’après » et a empêché l’option d’une autorité alternative à Gaza.
Cette critique ne tient pas la route car elle présuppose qu’Israël a le pouvoir de concevoir un régime alternatif à Gaza. Comme le sait quiconque a étudié un peu l’histoire, un régime nécessite un degré de légitimité de base. Un État ennemi ne peut pas mettre sur pied un régime alternatif avec l’aide internationale et lui donner une légitimité. Certes, Netanyahou n’a présenté aucune vision alternative, mais son péché n’est pas pire que ceux qui ont créé une illusion alternative.
La plupart des gens qui parlent d’un nouveau régime à Gaza le « jour d’après » proposent qu’une autre entité plutôt qu’Israël démantèle le Hamas. Ils suggèrent l’Autorité palestinienne, ou cette astucieuse illusion connue sous le nom de force multinationale.
Pendant ce temps, le Hamas a déjà recruté des milliers de nouveaux combattants et attise la haine contre Israël parmi les Gazaouis qui tentent de retourner dans leurs maisons détruites en plein hiver. Le Hamas conserve la capacité de résister efficacement à tout régime imposé de l'extérieur, en particulier à la lumière de la menace d'un transfert depuis la bande de Gaza.
Ces visionnaires proposent essentiellement d’entrainer Gaza dans une guerre interne entre le Hamas et le pouvoir imposé de l'extérieur, ou entre milices gazaouies, en l'absence d'une autorité souveraine légitime. Et qu'est-ce qui empêchera ces milices gazaouies d’attaquer les communautés frontalières israéliennes s'il n'y a pas d'autorité centrale à laquelle Israël peut demander des comptes ?
Il n'y a qu'une seule façon pragmatique de créer une alternative ; un « le lendemain » qui ait le potentiel de réduire la menace que Gaza pose à Israël.
L'ancien Premier ministre palestinien Salam Fayyad a proposé l'idée juste après le 7 octobre, et elle implique deux étapes : 1/ Renforcer l'Autorité Palestinienne (AP) pour inclure les principales factions et forces politiques palestiniennes, y compris le Hamas et le Jihad islamique. Et 2/ Faire en sorte qu’Israël reconnaisse le droit des Palestiniens à un État souverain. Seule une telle démarche politique pourrait permettre à l’AP de reprendre le contrôle de Gaza en tant qu’autorité légitime. Elle créerait également la possibilité d’intégrer les combattants du Hamas dans une force soumise à l’autorité renforcée de l’AP, qui a conclu un accord diplomatique avec Israël. Mais la droite comme la gauche en Israël doivent abandonner l’illusion de détruire le Hamas avant de pouvoir mettre en avant cette idée.
The Guardian
Trump’s plan for Gaza leaves Arab nations facing an impossible choice. (Le plan de Trump pour Gaza laisse les régimes Arabes devant un dilemme). Extrait.
En bref, les régimes arabes sont obligés de faire face et de trouver une solution à une question qui touche à l’essence même de la région - que signifie l'identité même arabe ?
S'agit-il simplement d'un groupe de pays qui parlent la même langue et partagent des frontières, mais avec des régimes et des élites trop compromises avec l'Occident pour être viables selon leurs propres termes?
Ou ont ils encore une capacité résiduelle d’agir, un reste d’intégrité politique et de devoir envers les autres Arabes ?
Au-delà de l'existentiel, cependant, voici ce que les dirigeants arabes devraient apprendre de Trump donneur d’ordres sur leurs territoires et leurs peuples : le prix de leur pouvoir plus ou moins garanti par les États-Unis est maintenant si élevé qu'il a de moins en moins de sens pratique.
Se soumettre à Trump serait accepter le statut de vassal total et appeler de nouveaux défis nationaux, et tout cela pour un bienfaiteur peu fiable.
Le défier impliquerait une reconfiguration complète de la géopolitique régionale trop colossale à envisager pour ces régimes.
Les élites politiques arabes se retrouvent dans cette position mortifiante en raison de leur faiblesse historique sur la Palestine, de leur division et de la poursuite et de leur intérêts personnels à courte terme.
L'avenir de Gaza n'est plus un problème qui peut être l’objet de finasseries en sauvant la face indéfiniment….
Haaretz
L’histoire jugera aussi les dirigeants du monde arabe, pas seulement Trump et Netanyahou (
L’approbation par le président américain Donald Trump de l'expulsion des Palestiniens de la bande de Gaza – et sa déclaration qu' il ne s’opposerait à l’annexion de la Cisjordanie par Israël – posent aux dirigeants arabes un défi sans précédent.
Pour ces dirigeants – en particulier ceux d’Arabie saoudite, d’Égypte et de Jordanie – le défi ne réside pas seulement dans le contenu de ces déclarations, mais aussi dans le moment choisi et leur caractère public. L’opinion publique arabe sur ses dirigeants sera largement influencée par la manière dont ils réagiront à l’arrogance d’un président comme Trump – un homme qui agit comme s’il était le roi du monde, capable d’imposer sa volonté à n’importe quel dirigeant.
Au fil des ans, les différentes administrations américaines ont affirmé le droit d’Israël à l’autodéfense tout en se distanciant publiquement de l’entreprise de colonisation.
Bien qu’Israël ait généralement réussi à aller de l'avant, en ignorant les critiques internationale…, aucun président américain n’avait jamais appelé aussi ouvertement à l’expulsion des Palestiniens de leur terre – jusqu’à ce que Trump le fasse mardi.
En outre, Trump affirme que son plan sera mis en œuvre avec le soutien – et potentiellement le financement – des États arabes.
Comme si cela ne suffisait pas, Trump évoque même la possibilité d’une occupation militaire américaine de Gaza.
Un plan de transfert de population de cette ampleur est une véritable poudrière.
Ce qui commencerait à Gaza pourrait rapidement s’étendre à la Cisjordanie, voire à l’intérieur des frontières d’Israël d’avant 1967. À cela s’ajoutent la campagne contre l’UNRWA pour effacer complètement la question des réfugiés.
Aidés par l’immensité du territoire, les colons américains ont réussi à refouler les Amérindiens dans des réserves.
La capacité de Trump à obtenir un résultat comparable au cours d’un mandat de quatre ans dépendra de la nature et de l’ampleur de la réponse arabe et musulmane et de la population de Gaza.
Trump a peut-être parlé avec arrogance et force brute, sentant la faiblesse du monde arabe et des Palestiniens. Mais ce faisant, il a involontairement donné à la région l’occasion de se défendre contre lui et Netanyahou.
Il s’agit d’un test décisif pour ceux qui prétendent diriger le Moyen-Orient – de Mohammed ben Salmane à Abdel-Fattah al-Sissi, en passant par le roi Abdallah II et Mahmoud Abbas.
L’Histoire les jugera eux aussi – pas seulement Netanyahou et Trump.
How an Emirati Sewage Project in Gaza Set Off Pungent Conspiracy Theories Online
Un projet d'assainissement de Gaza par les Émirats arabes unis a déclenché une tempête sur les réseaux sociaux de langue arabe.
Les experts accusant Abu Dhabi de chercher à utiliser cette opération pour installer des dispositifs d'espionnage israéliens dans les tunnels du Hamas.
L'opération appelée Chivalrous Knight 3 (qu'on peut traduire par "chevalier courtois") est une initiative lancée par le président des Émirats arabes unis en collaboration avec le commandement des opérations conjointes du ministère de la Défense.
Mustafa Ashour, présentateur de la chaîne de télévision égyptienne Al Jazeera Mubasher, écrit notamment sur X : « Pourquoi les eaux usées en particulier ?
Pourquoi pas les écoles, les universités, les routes, les hôpitaux et les engins lourds pour enlever les décombres ? Pourquoi pas les réseaux électriques ? »
L'homme politique tunisien et ancien ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem, de son côté, accuse les Émirats de déguiser un « projet de renseignement » en projet d'assainissement destiné à espionner à la fois en surface et sous terre.
Mamdouh Hamza, un ingénieur égyptien , en exil, écrit sur X : « Héros de Gaza, ne laissez pas le pays émirati entrer sur votre terre », ajoutant que « réseau d'égouts = recherche de tunnels ».
Kamal Sharaf, un dessinateur yéménite connu pour ses commentaires politiques et sociaux, a partagé sur X une illustration représentant un soldat israélien tenant en bandoulière un émirati en forme de missile avec la légende : « Les Émirats arabes unis lancent l'opération « Chevalier chevaleresque ».
Cette méfiance des blogueurs arabes s'explique par la décision des E.A.U. de normaliser leurs relations avec Israël en 2020. Décision perçue comme une trahison par de nombreux Palestiniens.
Cependant, certains Palestiniens de Gaza ont rejeté ces accusations, les qualifiant de propagande des « médias [des Frères musulmans] et des porte-parole du Hamas ».
Commentaire personnel: Qu'on soit d'un côté ou de l'autre, cette histoire de "chevalier chevaleresque", en plus d’effluves d'égouts sent, également, le "cheval de Troie"