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Les combattants palestiniens sont ils antisémites?

Les combattants palestiniens sont ils antisémites  ? Témoignage de Tal Sosham, otage israélien récemment libéré

Dans mon blog précédent (À la recherche de Dieu à Gaza : pourquoi tant d’otages israéliens renouent avec le judaïsme), j’ai décrit les conditions de détention – d’une humanité remarquable – de certains otages Israéliens recueillies, auprès de témoins ayant vécu 15 mois de détention à Gaza. Et j’ai souligné la pluralité des cas de détention en disant que « Certains, détenus par le Hamas dans les tunnels, ont certainement connu les conditions les plus terribles ; privation de lumière, de nourriture, d’hygiène et de soins en plus de sévices physiques probables. Ceux là que Trump et les médias ont qualifié de rescapés de l’holocauste à leur libération »

Parmi ces otages, Haaretz (1) rapporte, cinq jours plus tard (15/3/25), le témoignage de Tal Shoham, libéré – comme les otages ayant fait objet de l’article de Haaretz du 10/3/25 – suite à l’accord de cessez le feu de janvier 2025. Dans une interview à Fox News, Shoham  raconte que, dès son arrivée à Gaza : « Des adolescents armés de bâtons ont couru vers moi, essayant de me frapper de tous côtés » en criant : « Soldat ! Porc ! Sioniste ! ».

Il a, d’abord, été détenu chez une famille, seul et enchaîné, pendant 34 jours et sa nourriture était strictement rationnée. « Les trois premiers jours, j’ai mangé du pain pita. Puis, ils ont arrêté de m’en donner« , raconte-t-il. « Les réserves de nourriture ayant diminué. » Selon ses déclarations à Fox News, le Hamas le torturait quotidiennement, le frappait, le privait de nourriture alors qu’ils mangeaient devant lui. Il aurait perdu près de 30 kg en 15 mois de captivité.

Il affirme, dans son interview, que 50 jours après sa prise en otage , il a reçu une lettre l’informant que sa femme et ses enfants avaient été enlevés, puis libérés dans le cadre du premier cessez le feu [novembre 2023]

Selon Fox News, en juin 2024, Shoham a été  transféré  dans un tunnel souterrain où il y avait quatre matelas par terre et un trou dans le sol pour des toilettes.  Shoham a déclaré qu’il avait développé de graves infections en raison des conditions insalubres de sa captivité…

Le cas de Shoham peut être considéré comme l’archétype de l’otage israélien détenu  dans des conditions extrêmes (Sinon, il n’aurait pas été interviewé par Fox News, média favori de Trump, connu pour son hostilité aux Palestiniens, pour utiliser un euphémisme).

Des cas comme le sien existent sûrement. Ils ont été (et sont toujours) largement couverts par les médias israéliens et certains médias occidentaux. Pour raison de fidélité aux témoignages des victimes, leurs propos sont reproduits verbatim, sans essayer d’en questionner la fiabilité ni d’en tirer des enseignements.  C’est ce que fait Haaretz dans son article du 10/3/25. Par contre, dans celui du 15 mars, il insiste sur l’existence d’un intermédiaire, Fox news, entre le témoin, Shoham, et le journal.  J’ai ressenti cette insistance comme une invite au questionnement et à la critique des propos recueillis auprès des victimes.  Ce que je vais tenter de faire ci-après :

Shoham déclare : « Des adolescents armés de bâtons ont couru vers moi, essayant de me frapper de tous côtés ». Le choix des termes utilisés n’est pas fortuit : « adolescents » est  différent  de « jeunes » ou « individus ». Il n’est pas exclu qu’il s’agit d’enfants. Et « essayant de me frapper » laisse entendre qu’ils en ont été empêchés.

Ces deux mises au point  ôtent  à la scène que décrit Shoham, et rapportée verbatim, toute la violence  qu’une lecture non critique donne à y voir. Au contraire de ce que voulait exprimer l’otage, son témoignage, loin de rabaisser ses ravisseurs les élèvent; ne serait-ce que du fait de l’existence en leur sein d’une autorité (simples citoyens ou police) qui retient des délinquants de commettre des actes répréhensibles.

Ensuite, on note que les  agresseurs de Shoham criaient « Soldat ! Porc ! Sioniste ! ». Ce, il faut le souligner, est moins dégradant que le classique « sale juif » naguère si courant en Europe. Et il serait superflu de noter que l’otage est considéré comme « soldat », donc prisonnier de guerre légitime. À souligner également le terme « porc », animal honni par les Juifs comme les Musulmans, au lieu de « chien », insulte grave en terre d’Islam. Et, bien entendu, quand on lit « Sioniste » au lieu de « Juif » on a l’impression de lire le script d’un habile scénariste palestinien cherchant à disculper ses congénères de toute accusation antisémite. Ici les mots rebondissent sur leur cible et reviennent  en boomerang heurter celui qui les a prononcés.

Et puis cette phrase anodine de Fox News : « 50 jours après sa prise en otage , [Shoham] a reçu une lettre l’informant que sa femme et ses enfants avaient été enlevés, puis libérés dans le cadre du premier cessez le feu ». Loin d’être anodine cette phrase nous livre une information importante : les otages pouvaient communiquer avec l’extérieur et pas uniquement à des fins de manipulation psychologique. Le même article nous apprend, en se basant sur les déclarations de Shoham à Fox News, que celui-ci ignorait tout du sort de sa famille depuis sa capture et que cette ignorance représentait ce qu’il endurait de pire (2). Il nous apprend également que cette nouvelle, non seulement mit fin à son angoisse mais lui donna la force de survivre et de se battre.

Dont acte : Shoham est, à présent, un homme libre qui témoigne POUR ses ravisseurs et non à charge comme le voulait Fox News.

  • I Emerged From the Tunnel and Was Born Again’: Freed Hostage Tal Shoham Shares Details of Gaza Captivity
  • « That was the hardest thing I’ve ever done – burying my family in my mind ».

https://www.mohammedchraibi.com/

Mohammed Chraibi, ingénieur du Genie Rural et des Eaux et Forêts. Après quelques années passées au Ministère de l’agriculture et à l’Office Cherifien des Phosphates, il a été consultant pour diverses agences de coopération technique relevant de l’ONU.

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