Quelle est la doctrine du Hamas?

Contrairement à la charte de l’ OLP de 1964, amendée en 1968 (dont j’ai traité dans le blog intitulé « policide »)  la charte du Hamas adoptée en 1988 (un an après la fondation du mouvement) comporte de nombreuses références antisemites dont je ne citerai, ci après, que les plus saillantes.

Chacun des 36 articles de la charte se termine par un verset du Coran ou un Hadith. A titre d’exemple, à la fin de l’article 7, on peut lire  « Le jour du jugement dernier ne viendra pas tant que les musulmans ne combattront pas les juifs et les tueront. Alors les Juifs se cacheront derrière les pierres et les arbres et les pierres et les arbres diront : Ô musulman, Ô serviteur d’Allah’ Il y a un juif derrière moi, viens le tuer. Mais l’arbre de Gharqad dira non car c’est l’arbre des juifs » (Hadith attribué au prophète par Bukhara et Muslim). L’ article 15 declare le Jihad pour libérer la Palestine un devoir religieux obligatoire pour chaque musulman. L’article 22 accuse les Juifs d’avoir provoqué la Révolution française, la révolution communiste, les deux guerres mondiales et de contrôler les médias, les finances et les sociétés secrètes telles que les francs maçons. L’article 32, quant à lui, rejette toute solution politique du conflit, assurant que seule la guerre sainte peut libérer la Palestine. Il accuse Israël de projeter la conquête de toutes les terres du Nil à l’Euphrate conformément aux prédictions du « Protocole des Sages de Sion ».

Ces exemples sont extraits de la traduction anglaise de la charte publiée par l’Université de Californie pour le compte de l’Institut pour les Études Palestiniennes. Elle est disponible sur Internet.

En 2017, Hamas publie un « Document de principes et de politique généraux » (A Document of General Principles & Policies).  A propos duquel Leila Seurat (chercheuse au CNRSS et maitre de conférence à Sc. Po) écrit dans un No d’Orient XXI de 2017:  “ Loin du ton antisémite de la charte de 1988, ce nouveau document propose un programme politique conforme aux résolutions onusiennes et à la légalité internationale. Les principes intangibles de la charte sont abrogés : du combat contre les juifs on passe à la lutte contre le sionisme, et la lutte armée est euphémisée en faveur de moyens plus légaux pour combattre l’occupation »  À ceux qui y verront des positions irréconciliables, Khalid Mechaal (chef du bureau politique du Hamas de 1996 a 2017) donne des réponses qui ne dissipent pas le flou qui entoure la question de savoir où est la véritable doctrine du Hamas. Dans ce document de 2017 ou dans la charte de 1988 qui n’a jamais été déclarée  caduque?

Il serait temps pour le Hamas de mettre ses horloges à l’heure s’il veut capitaliser sur le rejet d’Israel -après les horreurs commises par son armée à Gaza – par une opinion publique qui reste toutefois peu encline à accepter l’islamisme radical et toute lutte de libération menée en son nom.