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Le droit des états à exister

Il n’a pas échappé à ceux qui ont lu mon livre qu’un des principaux thèmes en est celui du remplacement de l’état d’Israël par un état palestinien.

Autrement dit la négation du droit d’Israël à l’existence sans que la disparition de cet état se réalise par le fer et par le sang.  Dans le présent blog, qui inaugure cette rubrique, je tape plus fort  en m’interrogeant sur le droit des Etats Unis a l’existence.

Je m’appuie en cela sur un article publié dans le NYT, le 27/1/25, sous le titre : States Don’t Have a Right to Exist. People Do. (Tous les états n’ont pas le droit d’exister, les citoyens oui) de  Peter Beinart (journaliste Juif américain).

Du droit d’Israël à exister.

L’ article de Beinart traite de la pertinence de parler de la disparition de l’état  d’Israël dans le même esprit que celui que j’ai adopté dans mon livre : celui de la transformation d’un état en un autre.

Il a d’autant attiré mon intérêt que, à l’instar de ce que j’ai écrit,  les arguments qu’il produit associent les déclarations politiques et la mythologie juive.

En voici quelques extraits, édités par mes soins :

« Dans le Washington d’aujourd’hui, où bouillonnent les querelles partisanes, les démocrates et les républicains sont au moins d’accord sur un point : Israël a le droit d’exister.

Ce n’est pas ainsi que les politiciens de Washington parlent généralement des autres pays.

Ils commencent généralement par les droits des individus, puis se demandent dans quelle mesure un État donné représente les populations qu’il contrôle.

Si les dirigeants américains accordaient les mêmes droits à tous ceux qui vivent entre le Jourdain et la mer Méditerranée, il deviendrait évident que la question de savoir si Israël a le droit d’exister est la mauvaise question…Ils croient que les États devraient être fondés sur le consentement des gouvernés ».

C’est ainsi qu’ils justifiaient l’invasion de l’Iraq et leur participation active au renversement de Gaddafi et à  la guerre civile en Syrie. Et John Bolton [conseiller à la sécurité nationale de Trump I], a déclaré en 2017 que « la politique déclarée des États-Unis devrait être le renversement du régime des mollahs à Téhéran ».

L’article de Beinart, en s’appuyant sur les déclarations de Pompeo [secrétaire d’État  de Biden] pose la question de savoir si « les États qui nient les droits individuels ont le droit d’exister ? » et selon lui la réponse est négative. Il poursuit en écrivant  : « Et si nous appliquions cette démarche à Israël ?

Environ la moitié de la population sous contrôle israélien est palestinienne. La plupart d’entre eux – les habitants de Cisjordanie et de la bande de Gaza – ne peuvent pas devenir citoyens de l’État qui exerce sur eux un pouvoir de vie ou de mort.

Et ce bien avant  l’invasion du Hamas le 7 octobre….Et même la minorité de Palestiniens  qui ont la citoyenneté israélienne n’a pas droit à l’égalité juridique….M. Blinken avait promis que les États-Unis aideraient les Syriens à construire un État  inclusif et non sectaire .

L’Israël d’aujourd’hui ne l’est pas. Pourtant, pour la plupart des dirigeants de la communauté juive des États-Unis un pays non sectaire et inclusif est impensable en Israël.

Ils  sont, à juste titre, indignés lorsque les dirigeants iraniens appellent à rayer Israël de la carte. Mais il y a une différence cruciale entre un État qui cesse d’exister parce qu’il est envahi par ses voisins et un État qui cesse d’exister parce qu’il adopte une forme de gouvernement sectaire et non inclusive »

Ensuite  Beinart (l’auteur de l’article) passant du registre de l’argumentation politique à celui de la mythologie juive écrit : « La croyance selon laquelle un État juif a une valeur inconditionnelle – indépendante de son impact sur les personnes qui y vivent – ​​n’est pas seulement contraire à la façon dont les dirigeants américains parlent des autres pays.

Elle est également contraire à la tradition juive… Dans la Bible, les anciens israélites demandent au prophète Samuel de nommer un roi pour les gouverner.

Dieu dit à Samuel d’exaucer le souhait des anciens, mais avertit également que leur dirigeant commettra de terribles abus. « Le jour viendra », leur dit Samuel, « où vous crierez à cause du roi que vous avez vous-mêmes choisi. ».

Du droit des Etats Unis à l’existence.

L’article de Beinart est à rapprocher de celui publié dans The Guardian du 9/2/25 sous le titre Trump cuts aid to South Africa over ‘racial discrimination’ against Afrikaners (Trump coupe l’aide à  l’Afrique du Sud pour « discrimination raciale » contre les Afrikaners).

Le même état américain soutient Israël qui pratique ouvertement la discrimination raciale vis-à-vis de la moitie de la population sous son contrôle (comme le rappelle Beinart)  et sanctionne un autre état seulement soupçonné de discrimination raciale à l’égard de la minorité blanche de son territoire.

Et, tenez vous bien, le même état qui veut déporter les palestiniens offre l’asile aux Afrikaners et critique la loi qui autorise les confiscations de terre.

Un comble quand on sait que les États-Unis se sont construits sur la spoliation des natifs amérindiens de leurs terre et Israël sur le vol, la confiscation  de terres palestiniennes  et  (rarement) l’acquisition des terres de propriétaires absentéistes.

Il est vrai qu’Israël est un état juif blanc qui persécute des Arabes (majoritairement) musulmans, les Etats Unis (de plus en plus) un état chrétien blanc qui persécute ses minorités (pas tout à fait blanches)  alors que l’Afrique du Sud est un état laïc noir soupçonné de persécuter  des blancs chrétiens.

Si on adopte la démarche proposée par Beinart, dans le cas d’Israël, aux États-Unis on est logiquement conduit à s’interroger sur le droit à exister d’un état coupable de discrimination raciale non seulement entre individus mais entre états.

https://www.mohammedchraibi.com/

Mohammed Chraibi, ingénieur du Genie Rural et des Eaux et Forêts. Après quelques années passées au Ministère de l’agriculture et à l’Office Cherifien des Phosphates, il a été consultant pour diverses agences de coopération technique relevant de l’ONU.

One thought on “Le droit des états à exister

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